La Mairie de Paris et les marchands de sommeil

(communiqué de presse)

L’émission Capital diffusée sur la chaîne télévisée hertzienne M6 en date du dimanche 17 septembre 2006 et rediffusée le mercredi 20 septembre était consacrée aux marchands de sommeil.

On a pu y voir notamment Madame Gisèle Stievenard Adjointe au Maire de Paris, chargée des affaires sociales, vice-présidente du conseil général, présidente du conseil d’administration du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, déclarer avec regret que les marchands de sommeil étaient nécessaires à Paris pour répondre au besoin d’hébergement des populations sans logis ou menacées d’être jetées à la rue.

Madame Hidalgo, première adjointe, invitée sur le plateau a soutenu sa « collègue » et ce point de vue.

Le propos est en lui-même choquant ; il est apparu d’autant plus inacceptable que ladite émission donnait quelques éléments de la réalité de la caste des marchands de sommeil, leur richesse, leur activité et la haine manifeste et active envers les personnes qu’ils exploitent (l’émission affirme que l’un d’entre eux fait son million d’euros de bénéfice par an, qu’un autre affirme que ses locataires ne sont pas des humains mais des animaux).

Il était notamment évoqué le rôle actif des services sociaux parisiens pour participer au développement du chiffre d’affaire de cette profession criminelle ainsi que les conditions d’insécurité dans lesquelles vivent les familles et personnes hébergées dans ces lieux. On a notamment pu voir la légèreté de la préfecture responsable des contrôles, et du désintérêt de la municipalité (par la bouche de Madame Hidalgo) sur ce sujet avec le refrain habituel sur la responsabilité de la préfecture sur le ton du « c’est pas moi, c’est l’autre ».

Sollicitée par des agents des services en contact avec le public, la Cgt du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris tient à exprimer sa plus vive condamnation d’une politique sociale (ou plutôt de ce qui en tient lieu) qui affirme la nécessité des marchands de sommeil pour héberger les plus déshérités et les plus vaincus de cette société et de son organisation sociale.

Les agents des services sociaux et notamment du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris sont nombreux à exprimer leur révolte contre cette pratique et se désolidarisent de cette complaisance révoltante à l’égard d’une profession dont l’activité est notoirement de nature criminelle. Ceci tout en étant conscient de devoir remplir leur mission de relogement et d’hébergement avec les seuls moyens du bord.

Alors même qu’il était montré qu’une municipalité voisine, Gennevilliers, organise sa propre offensive (au risque même de l’illégalité) contre les marchands de sommeil, la municipalité parisienne fait le choix de la collaboration avec eux.

Le syndicat Cgt du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris soutient les agents des services qui refusent de se faire complices de cette position, qui entendent défendre une autre politique pour la solidarité et la transformation sociale. Nous soutenons la revendication des collectifs de mal-logés et l’exigence urgente d’une construction massive de logements à destination des faibles revenus.