POLITIQUE DU LOGEMENT POUR LES PARISIENS ET LES SALARIÉS DE LA VILLE ET DU CASVP

Emergence et unité d'une lutte à venir

L’actualité et la politique construisent les débats.

Longtemps interdite de séjour dans les débats publics, la question SDF émerge. Ceci au corps défendant des pouvoirs publics.

La mairie de Paris et la préfecture affichent sans pudeur leurs positions répressives qu’elles ont communément adoptées de façon virulente depuis cet été.

Alors que la CGT menait des interventions sanitaires et sociales sur la place de la République pour une population totalement abandonnée des préoccupations municipales et préfectorales, la police et des agents de la ville de Paris sollicités en escadrons anti-SDF organisaient dispersion, poursuite et dissuasion jusqu’à devoir se réfugier dans le bois de Vincennes pour certains.

La situation ne s’arrête pas là, la semaine dernière c’est un campement à Denfert Rochereau qui est interdit et les effets personnels sont détruits. Ce lundi, les tentes du Pont d’Austerlitz sont retirées. Bien évidemment, au contraire de ce que communique les pouvoirs publics, aucun hébergement n’est proposé.

Dans le même temps, la mobilisation citoyenne se montre et fait pièce aux politiques de répression répondant au lobby anti-pauvre de Paris pour lequel les « regroupements constituent une gêne objective » (B. DELANOË, communiqué du Maire du 19 juillet 2006) .

Mais c’était sans compter cet évident sens commun que nous appelons solidarité. Les agents du nettoiement réquisitionnés par la Ville et mis à disposition de cette action répressive n’en veulent plus. Nous commençons même à entendre des policiers dégoûtés de cette mission commise sous les yeux horrifiés de riverains (Libération du 19 décembre 2006).

Les simples citoyens se dressent : l’initiative de l’association les « Enfants de Don Quichotte » nouvellement créée vient d’ouvrir un campement de 100 tentes sur le quai de Valmy. C’est un succès sous le regard de tout le pays.

Le malaise des pouvoirs publics est évident. Aux abois, le maire de Paris multiplie les déclarations dont plus personne n’est dupe sur la question des hébergements et de la grande pauvreté. Le cabinet du maire s’émeut et fait la publicité de projets d’ouverture de nouveaux foyers dont il demande le co-financement au premier ministre.

L’heure du bilan arrive, les dépenses somptuaires de réduction de la chaussée ont été préférées aux dépenses sociales de réductions des inégalités.

Nous enquêtons actuellement sur la politique d’hébergement des agents de la ville de Paris et du Centre d’Action Sociale.

Ce que nous craignons se dévoile : la situation s’aggrave, un foyer est maintenu quasi vide depuis des années et a été cédé au privé. Dans un autre, un contingent d’hébergement pour les agents du Centre d’Action Sociale va purement disparaître. Il a été mis en gestion dans une société anonyme, le Richemont, filiale privée de la RIVP où les droits syndicaux sont niés avec des gestionnaires ramassés au sein du groupe ACCOR déjà trop célèbre.

Pire encore, un audit demandé par le maire sur la longueur des séjours va se traduire par des expulsions à la fin de la période hivernale pour des agents de la ville et du Centre d’Action Sociale.

Il n’est plus nécessaire d’en rajouter pour démontrer le militantisme antisocial et anti-pauvre qui agite cette équipe.

Il faut savoir que la seule direction du nettoiement dénombre 269 agents sans logements qui se sont déclarés comme tels. Parmi eux ; plus de 40 sans abris parfois depuis des années. Ces mêmes agents à qui la municipalité donne ordre de participer à la répression anti SDF, à leurs risques et périls du reste.

Les propos tenus au gouvernement (notamment par Catherine Vautrin) ou dans d’autres instances politiques selon lesquels les sans domicile refusent les hébergements doivent être mis en pièces : Les politiques d’hébergement nient le désir et les modes de vie des personnes qui ont tout perdu, séparation des couples, abandon des animaux de compagnie, mise à la rue au petit matin, hébergement collectif parfois massif, promiscuité dangereuse, séjours courts et décevants expliquent ces attitudes. Ceci associé aux problématiques médico-sociales produites par la vie à la rue. Ces dénis font fonction de propagande destinée à justifier les inerties politiques.

Cependant un autre élément doit être connu.

La CGT du Centre d’Action Sociale se trouve conviée à une réunion par Mylène STAMBOULI, adjointe au Maire chargée de la lutte contre les exclusions le 22 décembre prochain pour « parler des sans domicile ». Sans illusion, La CGT du CAS-VP se rendra en délégation à cette réunion avec l’Union départementale CGT et La CGT de l’hôpital Saint Louis et de sa structure sanitaire et sociale nouvellement créée.

La participation de notre organisation à cette réunion n’a qu’un motif syndical : porter la revendication et négocier des réformes à défaut de changement plus profond.

Aussi, avons-nous envoyé de façon immédiate le signalement de deux couples (issus de la dispersion de la Place de la République) en très grande difficulté cumulant handicap et problème de santé que le Samu Social ne pouvait ou ne voulait prendre en charge.

Appelé a réagir le cabinet de Mylène STAMBOULI en la personne de Benjamin POIRET (conseiller technique) nous a répondu par son impossibilité.

Il nous parait parfaitement édifiant qu’une adjointe au titre ronflant de «chargée de la lutte contre les exclusions » soit dans l’impossibilité de faire le moindre acte significatif qu’elle demande quotidiennement à des administratifs ou des travailleurs sociaux démunis.

Cette affaire est à la fois un test et un signe pour la CGT, il est clair aujourd’hui que seule la construction d’un rapport de force peut permettre d’envisager l’inversion de cette politique droitière et démissionnaire de toute référence sociale.

Nous appelons les agents de la Ville à rester vigilants et à envisager la revendication. Le débat ne fait que commencer. Cette municipalité comme la précédente est totalement dépourvue de politique sociale pour ses agents. L’absence de politique de logement en est un exemple édifiant. Ainsi, la mairie par un coup de force comptable vient de détourner 1,2 millions d’euros des caisses de l’AGOSPAP aux fins de palier son absence de politique de logement et de louer un immeuble de chambres d’hôtels à grands frais pour des agents de la Ville sans toit. Il est important de relever que la ville de Paris possède un budget des œuvres sociales de son personnel parmi les plus bas de France.

Mais nous ne doutons pas que la municipalité aura le talent de trouver un aréopage syndical complaisant pour voter un tel budget.

L’heure est à la lutte et aux mobilisations à venir. Les agents de la ville, les citoyens, associations et syndicalistes doivent engager le débat et prévoir les luttes.

D’ores et déjà, il faut envisager des mesures concrètes : désobéissance des agents conviés aux mesures de répression anti-SDF, interdiction active des expulsions des agents de la Ville des foyers de sans logis par les militants.

La radicalisation des positions et des actes sera au rendez-vous.

Pour l’heure, nous appelons les salariés de la Ville de Paris à se solidariser avec le campement citoyen du Quai de Valmy et à venir s’y rendre pour soutenir l’action de l’association « Les enfants de Don Quichotte ».

http://www.lesenfantsdedonquichotte.org/

Il existe une version de ce texte destinée à la presse et aux associations

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