CHRONIQUE DE LA VIE D’UNE SALARIEE DU CASVP

Article du " courrier du CASVP " n°194 du mois d’avril 2007
dans sa version non censurée.
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Adeline, 30 ans, seule avec une fille de 10 ans.

" Je suis agent hospitalier au CASVP depuis 2001, je suis entrée en CES. A ce moment là, il faut admettre d’être jeté en fin de contrat car c’est du contrat privé.
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On m’a retiré mon poste fixe car je demandais une mutation. Cela veut dire que je n’avais pas de tâches attribuées, on travaille au jour le jour ou quelques heures quelque part.
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En vérité les agents hospitaliers on est vraiment de la merde. L’agent a toujours tort car il n’a pas de diplôme ni de vrai métier. Il doit tout faire, tout ce qu’on lui demande.
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Normalement, dans le travail, il y a un protocole, on doit laver la personne avant le petit-déjeuner si elle s’est souillée pendant la nuit. On ne doit pas la mettre à son repas en la laissant sale mais à la résidence on m’obligeait à le faire. On ne respecte pas les personnes. Pour les lits je refusais de les faire avec des draps déchirés ou plein de trous.
Il y a une boîte de gants par agent par semaine, on lave les personnes avec des gants déjà utilisés ; c’est pareil pour le lavage, on lave avec des seaux d’eau sale pour économiser les dosettes. On ne respecte aucune règle. D’ailleurs, on nous dit que le temps à se laver les mains, par exemple, c’est pas du travail.
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On est harcelé, alors on craque. Je me suis retrouvé malade. Je suis tombée en dépression, j’ai dépassé les 3 mois d’absence et je n’ai pas eu la maladie professionnelle. Alors j’ai perdu la moitié de mon traitement. J’avais 450 euros de traitement et 300 de complément de mutuelle, je ne m’en sortais pas. J’ai eu des chèques sans provisions, des retards de loyers. J’étais poursuivi pour l’assurance, c’était 200 euros, mais l’assistante sociale m’a dit qu’elle n’avait pas d’argent. Alors j’ai eu 100 euros et j’ai du emprunter à quelqu’un pour le reste. J’ai du me mettre en surendettement. A cause des soucis, ma maladie s’est aggravée.
Ça a duré plus d’un an, comme ça. Depuis un mois, je retravaille et j’ai retrouvé mon traitement, mais j’ai toujours des dettes de loyers et à la banque.
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Aujourd’hui, c’est très dur de vivre et d’avoir un enfant. "
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Les employeurs refusent de reconnaître que les conditions de travail engendrent de plus en plus de stress et de maladies qui poussent les salariés dans le désespoir, voir pire.
Telle est l'évidence. De plus, la notion de facteurs aggravants est appliquée pour le citoyen moyen, mais n'existe pas pour les patrons. Ceux- là allaient déjà mal, diront-t-ils...
Pour la CGT, l'être humain vaut plus qu'un citron que l'on jette après l'avoir pressé. Soutenez notre combat.
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LA DIRECTION DU CASVP
CENSURE LA CGT
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La CGT dénonce l’hypocrisie
de nos dirigeants !
LA DIRECTION*DU CASVP CENSURE
sAnalyse et commentaires CGT
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RAPPEL DES FAITS
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La CGT-CASVP a été conduite à apposer le mot CENSURÉ sur son article dans le journal patronal " Le courrier du CASVP " du mois d’avril 2007, la directrice générale nous ayant tenu des propos peu ambigus sur ses intentions.
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Son commentaire en tant que responsable de la publication, au bas de la tribune syndicale du journal, confirme par ailleurs parfaitement sa position :
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" J’ai demandé à ce syndicat une formulation plus neutre… "
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Dans la réalité, cet article n’est en fait rien d’autre qu’une description d’éléments de la vie quotidienne dans une maison de retraite du CAS-VP et des conséquences personnelles sur un agent. Les vérités même les plus simples dérangent. La direction générale se replie et se dissimule en accusant la CGT d’attaquer les salariés du CASVP lorsque nous décrivons leurs conditions de travail. La chose serait comique si elle ne traitait pas de faits réellement graves, contraires au respect et à la dignité de la condition humaine.
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Notre organisation est appelée comme d’autres à fournir régulièrement un article pour la parution du Journal de l’employeur, " le courrier du CASVP ". La CGT-CASVP, quant à elle, compte exploiter cet espace pour dénoncer les conditions de travail des salariés en leur donnant le pouvoir de parler de leurs problèmes de vie quotidienne, de travail, d’endettement ou de logement, de femme, d’homme, de parents, bref tout ce qui conditionne la vie du salarié ayant son travail pour seule ressource.
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L’article incriminé est la stricte retranscription des propos d’un agent hospitalier du CASVP qui témoigne de sa souffrance personnelle liée à son environnement professionnel et à la faiblesse de ses ressources diminuées par la maladie. Il s’agit pour nous de revenir à une pratique syndicale qui donne entièrement la parole au salarié. Ce choix éditorial en est une illustration.
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Récemment, un communiqué de la CGT-CASVP intitulé " leurs conditions de travail détruisent nos vies " accablait notre employeur sur sa responsabilité pleine et entière en la matière.
La question des conditions de travail des personnels hospitaliers n’est pas nouvelle, nous avons ouvert le débat il y a bien longtemps, les maltraitances dont sont victimes les salariés ou les usagers en raison du dénuement des services, de leur organisation et du sous emploi sont connus et parfois illustrés par l’actualité. Un tract en date d’octobre 2006 intitulé " Etre vieux et dépendant à Paris " qui dénonçait les conditions de travail et le silence coupable de nos dirigeants avait provoqué une colère malhonnête des responsables à la Mairie de Paris.
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Le public, tout comme la majeure partie de nos collègues subit les conséquences de cette politique.
Cela dit, il nous appartient de donner des témoignages et la description des réalités concrètes méconnus de la population et que les pouvoirs publics et leurs serviteurs occultent.
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La direction générale utilise un argument éculé et classique pour marginaliser et discréditer les luttes de ceux qui s’expriment : selon notre employeur nous mettrions en cause le personnel et l’institution.
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La manœuvre est grossière, nous l’entendons régulièrement. Elle est idéologiquement marquée. " Remettez en cause le modèle de domination et ses conséquences et c’est vos collègues que vous attaquez ", nous dit alors celui qui est en position de maîtrise et d’autorité.
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Les salariés ne sont pas responsables de leurs conditions de travail, du dénuement des services, de l’autoritarisme des chefs, des bas salaires, de leurs conditions de vie, bref tout ce qui détermine ce qu’ils sont dans leur vie ou leur travail.
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Ils ne sont pas responsables de la mise en œuvre de pratiques, de politiques, de modalités de travail en contradiction totale avec leurs principes et tout simplement avec le respect de soi ou des autres ?
La condition de salarié est ce qu’elle est, celle d’un sujet dominé économiquement, socialement, symboliquement et culturellement.
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Pour notre part, nous affirmons et maintenons qu’un agent hospitalier payé moins de mille euros par mois, de faible niveau de formation, seul avec un enfant à charge, en difficulté de logement, n’a que peu de moyens de construire sa révolte quotidienne, sa contestation des conditions de travail et la remise en question de sa vie et de ce qui lui est imposé.
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L’autorité ne souffre pas d’exception et marginalise nécessairement l’élément rebelle. Nous connaissons tous parfaitement la condition de celui qui essaie de remettre en cause un fonctionnement dont le plus grand nombre doit s’accommoder contraint et forcé.
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Nous ne ferons pas l’affront à Madame la Directrice Générale d’affirmer qu’elle méconnaît ces évidences. Nous affirmons simplement que sa position professionnelle, ses engagements et sa place dans le rapport social lui imposent un discours : le discours de la classe dominante, c’est a dire celui du patron.
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Le travailleur est ce qu’il est, un être dont la conscience s’organise au quotidien entre sa liberté et les contraintes. Il lutte à chaque instant en défendant son espace d’autonomie à l’intérieur d’un espace plus grand balisé par l’autorité et l’obligation.
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Notre collègue se débat comme elle peut avec son quotidien et tente comme elle le peut d’organiser sa révolte contre sa condition. Parent célibataire, locataire de son logement, de faibles ressources, sans grandes possibilités d’évolution professionnelle, ayant connu les galères et contraintes de l’absence d’emploi.
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Comme beaucoup d’autres, cette collègue est dans la crainte du pire, de l’exclusion, de la perte de son emploi ou d’une partie de ses ressources si elle venait à exprimer trop fort ses refus. Sa maladie, liée à ses conditions de travail lui a déjà valu la diminution de son traitement à 450 euros.
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Selon nos dirigeants, le salarié doit donc se plier à un système établi dont la seule volonté est de servir les intérêts de la minorité dominante et cela nous le refusons et le combattons en tant que dignes représentants de la masse salariale depuis que la CGT a vu le jour.
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Nos patrons tente d’imposer une autorité qui ne respecte pas la pensée des personnels dits d’exécution, niant leur capacité et leur sens de la responsabilité.
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La pression du système s’exerce à tous les niveaux de la direction de l’entreprise ou de l’administration jusqu’au simple salarié pour empêcher la liberté de penser autrement et d’exprimer la contradiction, même dans l’intérêt du travail ou de l’organisation du service.
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Ainsi, il devient dérangeant de proposer une idée car elle remet en cause tout l’édifice permettant de contrôler la force que représente l’ensemble des salariés.
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Alors, tout est mis en œuvre pour individualiser et diviser voir opposer les salariés, que ce soit sur le salaire, les primes, les responsabilités, le travail…
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Travailler ne suffit plus, il faut avoir de bonnes relations avec sa hiérarchie pour pouvoir survivre et assumer sa vie au quotidien, se loger, se nourrir, rembourser ses crédits, élever dignement ses enfants…
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Le salarié a le seul choix entre accepter et subir ou contester et être exclu du système.
Le harcelé ou l’exclu est toujours seul.
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Le témoignage d’Adeline est révélateur de cet engrenage contre lequel nous pouvons nous opposer en témoignant de notre galère quotidienne, car chacun pourrait y faire face un jour ou l’autre.
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La CGT a toujours été un rempart contre le système d’exclusion et il est grand temps de rejoindre la seule force d’opposition qui peut permettre le respect et la dignité des hommes et des femmes dans notre société.
N’attendons pas d’être dans les problèmes sociaux ou de santé pour se rendre compte qu’il est trop tard pour réagir.
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Ce que la direction générale appelle " attaque contre les collègues ", nous le nommons au contraire " solidarité et prise de parole ". Les salariés ne sont pas dupes de ces manœuvres, les salariés font la part des choses et ne reconnaissent pas les pratiques dilatoires de l’autorité patronale.
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Nous continuerons à restituer la parole vraie des salariés. Nous appelons nos collègues à nous contacter pour témoigner de leurs conditions de vie et de travail.

La CGT dit NON à un système qui ne partage pas les richesses produites et tourne le dos à la solidarité humaine.
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La CGT dit NON à l’exploitation du salariat, à la rentabilité à tout prix, à la réforme pour invalidité d’hommes et de femmes usés par leurs conditions de travail, aux accidents de travail et aux maladies professionnelles non reconnues, aux harcèlements et au mépris de nos patrons…
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La CGT entend se battre contre les pouvoirs politiques et économiques qui sont les seuls responsables des exclusions et de nos problèmes et exige une réparation totale et immédiate.
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Cette lutte ne fait que commencer
mais ne pourra pas se faire sans vous.
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Votre vie, notre combat, c’est ici et maintenant.
Rejoignez nous.
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PERMANENCE CGT D'ENTRAIDE SOCIALE ET DE SOLIDARITE
Bourse du travail , 3 rue du Château d'eau, Paris 10,
métro République,
Les mardi ouvrables de 17h30 à 19 heures,
4e étage, bureau 430.
(Recensement des mal logés, conseil en surendettement,
dette de loyer,aide aux dossiers, recherche d'orientation etc.)