🔊 Déclaration liminaire de la CGT du Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris au CST (Comité Social Territorial) du 30 mai 2024 présidé par Véronique LEVIEUX Adjointe à la Maire de Paris en charge des seniors et des solidarités entre les générations.

CST du 30 mai 2024

Madame la présidente,

En tout premier lieu, nous souhaitons rendre un digne hommage à notre collègue, Dominique Bédu, décédé la semaine dernière à 58 ans. Dominique a longtemps été adhérent à la CGT, et nous lui rendons hommage en ce lieu au nom de l’équipe du SOI – SUNI et de sa famille :

"Très chers(es) Collègues,
C'est le coeur gros, envahi par une très forte émotion, que nous avons le regret de vous annoncer le départ de Dominique Bédu vers d'autres cieux…
Dominique a eu une longue et riche carrière dans différents établissements au CASVP.
Il a occupé de nombreux postes comme Régisseur, Correspondant Informatique, Etc.
Il était jusqu'alors Chef de Projet Informatique et vous l'avez certainement croisé lors des déploiements eSirius".
Les mots nous manquent pour vous décrire notre peine, qui sera plus que certainement partagée avec vous.


Les funérailles de Dominique auront lieu le 04/06/2024 à 11h au crématorium du Père Lachaise.

Les collègues qui souhaitent y assister ou apporter un soutien peuvent se rapprocher de Fred Laval.

La CGT s’associe à la douleur des proches et des collègues, et sera dûment représentée par une de nos camarades. Les autres militantes et militants seront au même moment en manifestation, puisque le 4 juin est une journée de mobilisation.

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Madame la Maire,

Avant de rentrer dans le dur, il va de soi que nous avons entendu les annonces du ministre Guérini,sur la réforme du statut de fonctionnaire. Il va également de soi que nous combattrons fermement ces mesures. Nous vous demandons très officiellement quelle est la position de l’Hôtel de Ville concernant ces annonces.

Aussi, nous sommes satisfaits de vous savoir présider cette instance aujourd’hui, car nous allons pouvoir aborder les problèmes qui se posent dans les services dédiées aux personnes âgées à Paris, et parce que la marque de la CGT est de ne jamais désespérer d’une amélioration concrète des conditions de travail de nos collègues, nous y investirons les moyens qu’il faudra.

Hier déjà nous étions dans cette salle pour une réunion d’agenda social sur l’application d’une des mesures de la loi «Bien Vieillir». Cette loi porte un nom plein d’espoir, mais avant de parler de la venue des animaux de compagnie dans les EHPAD, nous voulions parler du manque chronique des effectifs. Des créations de postes et des recrutements sur les postes vacants seront la 1ère étape de la démarche du «Bien Vieillir», de même qu’une reconnaissance de l’engagement des personnels au chevet, en leur attribuant la 
NBI en homologie avec la Fonction Publique Hospitalière. Une revendication historique que la CGT ne manquera de porter lors des audiences de demain et de lundi dans le cadre de son préavis de grève déposé pour le 4 juin … préavis reconductible.

Dans nos revendications, le «Bien Vieillir» et la bientraitance de nos collègues ne s’arrête pas aux EHPAD. Il passe aussi par nos collègues gardiennes de résidences appartement. Elles sont exposées aussi à la maladie et au décès des résidents. Et nous vous demandons qu’il y ait un protocole qui soit établi rapidement dès lors qu’il y a suspicion de décès d’un résident. Il n’est pas concevable de laisser des collègues isolées face à la découverte d’un corps, sans consigne claire et sans accompagnement par la suite.

Illustration concrète : une gardienne du 11ème arrondissement, ayant pris son poste début avril, a connu 4 décès dans sa résidence. Pour l’un de ces décès, c’est un mauvais pressentiment qui l’a poussé à ouvrir la porte du logement, pour y découvrir le corps d’une résidente. Elle n’a, suite à ce traumatisme, reçu aucun appel de la direction, seule la gestionnaire a été présente, et des militants de la CGT, qui l’ont orienté vers le SAM.

Ce constat de l’isolement et de la souffrance au travail se retrouve dans l’ensemble des services du CASVP. Il rend la situation invivable pour les collègues. Nous vous demandons d’agir en urgence avant que les services et les collègues qui les tiennent ne s’effondrent. Nous n’en pouvons plus d’avoir cette sorte de passage de relais de la part d’une collègue épuisée, qui quittera les services lessivée, vers la nouvelle recrue qui elle-même s’épuisera en un temps record.

«Bien Vieillir» cela vaut aussi pour les travailleuses et les travailleurs du soin et du lien, et cela commence par « Bien Vivre », en particulier au travail, bien vivre des revenus de son travail, bien jouir de la dignité qu’il doit procurer, sans jamais mendier, sans jamais ramper.

Pour autant, cela ne signifie pas «ne pas attendre de gratification». 

Concernant les promotions, l’opacité est totale. Les avancements de corps SA et SMS sont annoncés par la ville pour juin 2024 et les avis des directions auraient été émis en avril. Les agents demandent à connaître la liste des agents proposés par la direction du CASVP par ordre de priorité, le nombre de promotions dédiées au CASVP pour chacun de ces corps, et la date de publication des promus. 

Pour les avancements de grade, vous devez relayer les listes des promouvables aux organisations syndicales du CASVP afin de vérifier avec les collègues qui nous sollicitent s'ils ou elles n'ont pas été oubliés.

Le contexte actuel n’aide pas. Nous ne savons toujours pas comment notre été va se dérouler et il est inacceptable pour nous de s’entendre dire que ce sera un été comme les autres. Les étés sont déjà durs, pris en étau entre les canicules urbaines et les cadences imposées par le sous-effectif, mais les JO vont finir de nous achever. Aucune réponse ne nous a été apportée à ce jour. A moins de deux mois de l’échéance, nous ne savons toujours pas comment notre organisation de travail va être adaptée. 

Nos collègues soignant·es et aides à domicile, qui devront gérer leur itinérance à coup de QR-code dans une atmosphère ultra-sécuritaire, c’est absence d’anticipation est une source d’anxiété toxique. A la ville de Paris, quand on ne voit rien venir, on peut s’attendre au pire … et pas la moindre compensation financière à l’horizon … alors notre horizon sera celui de la lutte.

La CGT appelle l’ensemble des collègues à se mettre en grève le 4 juin pour défendre notre statut, augmenter nos salaires, gagner des primes & voir recruter des collègues.

Nous avertissons la Direction Générale, il faudra négocier, car vous risquez d’avoir des surprises. Des services seront fermés le 4 juin, certains reconduiront la grève. Prenez nos revendications au sérieux car nous assumerons sans complexe de «prendre les JO en otage».

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Communiqué de soutien aux jeunes de Belleville

Depuis début 2024, 150 jeunes qui campaient et survivaient dans et autour du parc de Belleville se sont organisés en collectif.

En février, alors qu'ils et elles participaient à un rassemblement proche de l’Hôtel de Ville de Paris, dument déclaré à la Préfecture de Police, cette dernière a ordonné la destruction de leur campement, en leur absence.

Depuis, les jeunes organisés en collectif ont multiplié les initiatives, soutenues par de plus en plus d’associations, de syndicats, de groupes politiques et de citoyens. Ces jeunes ont choisi de lutter collectivement en reprenant les codes et les modes d’action du mouvement social français : rassemblements, manifestations, slogans et chants, occupations, fêtes revendicatives.

Ces jeunes ont préféré s’organiser collectivement et démocratiquement pour revendiquer un accès aux droits fondamentaux : logement, éducation, santé. Alors que la rue pouvait tous les happer, les faire sombrer dans la délinquance ou la prostitution, ces jeunes ont choisi de rappeler à la France et à Paris le sens de la devise républicaine : Liberté, Egalité, Fraternité. Devise qu’ils et elles citent avec espoir à chacune de leurs apparitions.

Mais la République a choisi de faire semblant de les ignorer !

Le premier niveau de responsabilité revient à l’État, compétent en matière d’hébergement d’urgence et d’ordre public. Le deuxième niveau de responsabilité revient à la collectivité parisienne. Paris, à la fois Ville et Département, compétente en matière de reconnaissance de la minorité.

Mais de quel ordre public parle-t-on lorsque des centaines de jeunes, qu’ils et elles aient plus ou moins de 18 ans, vivent à la rue sous des tentes décathlon fournies par des associations ou des riverains solidaires, puis confisquées par la police et détruites sur ordre de la Préfecture ? De quel ordre public, de quel ordre moral, de quel ordre républicain ?

En quelle liberté, en quelle égalité, en quelle fraternité, en quelle devise pouvons-nous croire encore ? La Ville de Paris a déclaré que les jeunes devaient instaurer un bras de fer avec l’Etat. C’est fait.

Depuis le 6 avril le collectif occupe paisiblement et dans le respect des locaux la Maison des métallos, lieu culturel géré par la Ville de Paris, ancienne propriété de l’Union Fraternelle des Métallurgistes de la CGT. L’Union locale CGT du 11ème arrondissement y est encore implantée et cohabite depuis, avec les jeunes occupants en attente d’une solution pérenne et digne.

Depuis l’occupation, et à l’approche des JO, les expulsions de campements ont continué dans Paris. Lorsque ces opérations sont menées, en l’absence proposition d’hébergement, la police n’hésite pas à fournir une adresse aux personnes et aux familles évacuées : 94 rue Jean Pierre Timbaud, Paris 11ème, Maison des métallos.

Lorsque fin avril la Ville a annoncé la réquisition d’un lycée désaffecté pour héberger les jeunes et en finir avec l’occupation, la Préfecture a envoyé des cars de la police pour transporter les jeunes sur place. Mais sur place, des policiers attendaient les jeunes : la Région avait demandé leur intervention pour empêcher l’occupation du lycée. Les jeunes sont ballotés entre faux espoirs, hypocrisie, pièges. Ils et elles sont victimes du jeu d’échec politicien entre l’Etat, la Ville, la Région.

Mais le temps passant, il se dit que le site doit héberger des initiatives liées aux Jeux Olympiques. Il se dit que pour cet événement mondial, la vitrine doit être parfaite, que personne ne dormira dehors à Paris.

Alors, enfin, la Ville et la Préfecture s’entendent pour faire vider les lieux, pour procéder à l’expulsion de ces jeunes en quête de République. Vers où, pour combien de temps ? Plus loin, on ne sait pas, montez dans le car et on verra.

La CGT du centre d’action sociale de la Ville de Paris soutient et soutiendra les jeunes de Belleville, la relève fraternelle des métallos historique. Notre organisation dénonce toute menace judiciaire ou policière à leur encontre. Ces jeunes en appellent aux valeurs de la République, aux symboles, mais également aux services publics dont la République s’est dotée pour en être digne.

La CGT CASVP en appelle à la Justice, qui désormais est saisie :
«mettez la République en accord avec elle-même !»