La suppression des CHSCT (Comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) ont eu pour effet d’augmenter le nombre de morts au travail.
Le gouvernement ne s’engage pas dans la lutte contre les accidents du travail. Son plan de prévention des accidents du travail graves et mortels n'est qu'un plan de communication sans véritable ambition (spots TV à partir de fin septembre 2023).
Deux morts chaque jour
La hausse du nombre de morts au travail en France est continue entre 2010 et 2019, passant de 537 à 790, soit deux morts au travail chaque jour.
Ce triste record représente presque le double de la moyenne des 27 pays de l’Union Européenne et place la France, avec 3,53 morts au travail par 100 000 travailleurs loin devant les meilleurs élèves que sont les Pays-Bas (0,48) et la Suède (0,72).
Sans compter que les statistiques comptent uniquement les salariés du régime général sans les agriculteurs, les fonctionnaires, les travailleurs indépendants, sans-papiers…
Les dernières données statistiques de l’Union Européenne qui datent de 2020, placent la France comme le huitième pays de l’UE avec le plus d’accidents du travail mortels par rapport au nombre total de travailleurs malgré le confinement.
« Deux phénomènes s'associent et empêchent la prévention » dénonce Jérôme Vivenza, représentant des salariés au sein du Comité national de prévention et de santé au travail.
« Il existe une sous-déclaration des petits accidents du travail, s'ajoute à cela le fait que la médecine du travail est en dehors de la sécurité sociale. »
Un meilleur contrôle des entreprises par les Carsat (caisses d'assurance retraite et de la santé au travail) permettrait de lutter contre la sous-déclaration et d’agir sur les situations dangereuses.
La petite sinistralité cachée par les employeurs aboutit à une sinistralité tragique et à des morts au travail. Il serait aussi nécessaire d'organiser une traçabilité des expositions professionnelles tout au long de la carrière.
La CGT demande la remise en place des Comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et qu’ils concernent tous les salariés.
Enfin, la médecine du travail est un système à part, qui ne la protège pas assez des pressions du patronat. La formation des médecins en santé au travail n’est pas suffisante.
La sécurité sociale doit avoir les moyens, par sa branche ATMP (Accidents du Travail et Maladie Professionnelle) de mener une politique de prévention efficace. La médecine du travail doit y être intégrée pour obtenir un service public de santé au travail à la main des salariés.
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Dégradation de la santé mentale des salariés
Les chiffres du dernier baromètre OpinionWay pour Empreinte Humaine témoignent d’une dégradation de la santé mentale des salarié.e.s, principalement due à leurs conditions de travail. Pour la santé des salariés, la CGT questionne la qualité de vie au travail.
Six salarié-e-s sur dix pensent que leur état de santé ne leur permettra pas de travailler jusqu’à la retraite
Un salarié sur deux est en situation de détresse psychologique, un sur quatre en risque de burn-out.
Neuf salarié-e-s sur dix estiment que les conditions de travail doivent être améliorées.
La qualité de vie au travail dans de nombreux métiers est dégradée et entraîne absentéisme, arrêts maladie. En plein débat sur la réforme des retraites, ces chiffres sont un argument supplémentaire à la limitation de l’âge de départ à la retraite. Ils questionnent aussi l’organisation du travail en France, qui fait aujourd'hui le lit du burn-out.
"Les risques psycho sociaux (RPS) explosent" dénonce Jérôme Vivenza, représentant des salariés au sein du Comité national de prévention et de santé au travail.
"Nous sommes dans une situation où il nous faut réinterroger les rapports que nous avons tous avec le travail".
Une réelle Qualité de vie au travail
Il faut se recentrer sur le sens et la finalité du travail. La Qualité de Vie au Travail telle qu'elle est pratiquée dans les entreprises et administrations ne répond pas à ces enjeux et n'aborde que les questions périphériques.
C'est la qualité du travail qui doit être discutée : se demander si chacun-e a les moyens de bien faire son travail et que celui-ci ait du sens.
La CGT revendique pour cela la mise en place de CHSCT élargis pour couvrir tous les travailleurs et que ces comités aient la possibilité d'intervenir sur l'organisation du travail et son impact sur l'environnement.
Elle revendique aussi le droit à la déconnexion et le droit de pouvoir contester individuellement ou collectivement l'organisation du travail. Les salarié.e.s devraient être consultés sur les choix stratégiques de l'entreprise, du groupe ou de la branche.
Associer les salariés à l’organisation du travail
"Le patronat n'est plus en capacité d'organiser le travail, c'est aux travailleurs eux-mêmes de reprendre la main sur celui-ci" constate Jérôme Vivenza.
Pour la CGT, 3 à 5 heures de réunion par trimestre sont nécessaires pour les travailleurs, sans leur hiérarchie, pour parler de leur travail, avec leurs représentants si possible.
À ce temps là, s'ajouteraient 3 à 5h supplémentaires pour confronter leurs discussions avec leur hiérarchie et en présence de leurs représentants.