● Les Maisons de Retraite - les Aides à domicile… du Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris étaient en grève le 27 avril 2017


« Si nous nous obstinons à concevoir notre monde en termes utilitaires, des masses de gens en seront constamment réduites à devenir superflues ».
Hannah Arendt


Nous sommes tous concernés parce qu'un jour la question se posera pour un de vos proches, ou pour vous même d'entrer en maison de retraite.





Madame la Maire de Paris doit être la première à dégager des fonds pour répondre rapidement à la souffrance des résidents, au désarroi des personnels et au dénuement des services.

Paris en a les moyens, Paris en a la capacité. Paris capitale de la France doit développer une politique de prise en charge des personnes âgées en maison de retraite qui pourrait être montrée en exemple pour ce qui doit se faire en la matière.

Nous parlons ici de la fin de vie, de son accompagnement, de sa charge quotidienne de souffrances physiques et psychiques voire psychiatriques, d’affections neurologiques comme la maladie d’Alzheimer, de tâches hospitalières difficiles et peu valorisées.

Depuis plusieurs années les conflits dans les maisons de retraites, les interpellations des salariés en direction de notre syndicat se multiplient. Cela est dû, en grande partie au manque de personnel, qui entraîne une détérioration des conditions de travail des salariés et à des conséquences désastreuses sur les résidents.

Les résidents et les personnels paient "cash" une politique d'austérité à courte vue qui considère comme superflu le bien être des personnes âgées dépendantes.

Les personnels témoignent

«Lorsque l'on prend trois minutes pour donner à manger à une personne âgée parce qu'on en a quinze à faire manger, quand on n'a pas le temps de revenir pour emmener une personne aux toilettes et qu'on la rend incontinente, oui, nous sommes maltraitants. Mais comment voulez-vous faire autrement, sans personnel suffisant ? »

Les personnels soignants du CASVP aiment leur métier, mais expliquent combien il est frustrant «de ne pas avoir assez de temps pour établir une relation avec les personnes âgées». «J'ai 36 patients à ma seule charge»...

«Les personnes âgées ont un vécu, une histoire. C'est leur dernière demeure ici. Les relations que nous pouvons tisser sont essentielles, mais nous ne pouvons pas y répondre. C'est désespérant».

«Il y a 23 ans, quand j’ai commencé ma carrière, les personnes entraient vers 65 ans, aujourd’hui, elles entrent vers 80 ans, dans un état forcément plus dégradé. Le résultat, c’est que ces personnes ont des besoins plus lourds, des capacités plus réduites. La difficulté supplémentaire, c’est que nous ne sommes pas assez nombreux pour faire face et nous avons l'impression que les effectifs diminuent au lieu d'augmenter».

27 avril 2017, la CGT s'adresse à Anne Hidalgo

Madame la Maire,

En cette année 2017, la CGT et le personnel des EHPAD constatent que le problème récurrent du sous-effectif dans les établissements pour personnes âgées dépendantes n’est pas résolu.
Nous ne pouvons plus nous entendre dire que les taux d’encadrement actuels sont fixés par la convergence tarifaire et que la Mairie de Paris n’a pas vocation à faire mieux. Nous sommes très loin du plan Alzheimer qui prévoit 1 soignant pour 1 résident.

Il faut savoir, Madame la Maire, quelle politique vous souhaitez mener pour le bien-être de nos aînés.

Actuellement, la situation est catastrophique et le signal d’alarme que tirent les agents des EHPAD et des services d’aide à domicile doit être entendu.

En effet, les carences de l’administration se retournent maintenant sur les personnels qui sont accusés de tous les maux alors qu’ils sont à bout.

La Direction reconnaît le malaise social existant, la difficulté d’organisation du travail, le manque d’effectif, la souffrance et l’usure des personnels, cependant elle n’apporte aucune solution… pire, elle supprime des postes.
La réponse qui consiste à dire que tout va aller mieux avec la démarche qualité est totalement inadaptée au regard de la souffrance vécue par les personnels au quotidien.

Plus grave encore, cette démarche qualité tend à la culpabilisation des agents, puisqu’ils s’aperçoivent que leur bonne volonté et leur conscience professionnelle ne suffisent plus et qu’ils devraient faire mieux et autrement.
Elle rend les conditions de travail des agents encore plus difficiles puisqu’elle ne donne pas les moyens pour une application concrète et réaliste sur les lieux de travail.

Il faut que vous sachiez, Madame la Maire de Paris, que compte tenu des effectifs insuffisants, 2 soignants voire 1 seul doivent souvent prendre en charge un service de 27 résidents grabataires, voire plus.
Accepteriez-vous Madame la Maire, de ne pouvoir être douché qu’une seule fois tous les 15 jours par manque d’effectif?

Le constat est unanime et alarmant : du fait du sous-effectif, le travail collectif s’est transformé en épreuve individuelle.

À ce niveau, toute démarche qualité est vouée à l’échec et nous sommes dans ce cas dans le cadre d’une maltraitance institutionnelle totalement insupportable pour les résidents et les personnels. Les démissions institutionnelles ne sauraient être comblées par quelques démarches qualité ou autre dispositif de ce type.

Il est bien évident qu’une telle situation ne fait pas qu’atteindre les personnels salariés. La mauvaise qualité des conditions de travail dont souffrent les résidents a bien sûr des conséquences sur l’ensemble du système relationnel dans l’établissement.

Face à la psychorigidité des directions locales, les personnels se sentent maltraités, humiliés et non respectés dans l’exercice de leurs missions.

En conséquence, la CGT vous demande Madame la Maire, de bien vouloir dégager des fonds en conséquence afin de palier à la souffrance des personnels et des résidents. Il vous appartient d’engager une politique d’action sociale à la mesure de la situation.

Sur un autre volet d’absence de reconnaissance, comment pouvez-vous justifier la non attribution de la NBI aux agents des EHPAD alors même que celle-ci est attribuée dans la fonction publique hospitalière aux agents exerçant auprès des personnes âgées n’ayant pas leur autonomie de vie dans les services de gériatrie ?

Aussi, forts de ce constat affligeant et révoltant, nous vous demandons de bien vouloir nous recevoir en entrevue syndicale sur ces différents sujets et sur les mesures que vous comptez prendre afin de faire mieux que les orientations actuelles qui ne servent en aucune manière le dévouement des personnels et la qualité de service attendue par les usagers des EHPAD du CASVP, mais aussi des personnels des services d’aide à domicile.

Pour la CGT, il est impensable que la capitale de la France ne développe pas une politique de prise en charge des personnes âgées qui pourrait être montrée en exemple pour ce qui doit se faire en la matière.

Recevez, Madame la Maire nos salutations distinguées.

Le secrétaire général de la CGT-CASVP
Michel THUEUX