Et l’EHPAD en 2020, ça ne donne pas envie. En 2019, ça ne donnait déjà pas terriblement envie, mais la preuve qu’on peut toujours faire pire que pas terrible.
Le Covid y a frappé durement. Ceux du CASVP n’ont pas été épargnés. De très nombreux résidents sont décédés, et trois de nos collègues (Calixte Songa Mbappé, Florence Canault et Guy Denoel). Nous souhaitons ici leur rendre hommage.
La crise sanitaire a totalement submergé le secteur : manque de personnel, protections délivrées trop tardivement, fin de vie effroyable pour les défunts, leurs proches, leurs soignants, deuil impossible.
« On ne pouvait pas le prévoir », nous disent gouvernement et administrations, mais souvenons-nous que jusqu’en février, alors que l’ensemble du corps médical sonnait l’alarme, il ne fallait pas s’inquiéter. Plusieurs ministres auront peut-être à en répondre devant un tribunal. Souvenons-nous que le personnel des EHPAD dénonce depuis plusieurs années le sous-effectif, l’aggravation des conditions de travail et de soins, les bas salaires.
La première vague passée, il a fallu batailler avec la direction du CASVP pour que nos collègues aides-soignantes, malades du covid, qui n’avaient pu être présentes 20 jours cumulés, puissent quand même bénéficier de la prime exceptionnelle de 1500 €. A grands renforts de communications contradictoires, notre administration a tout fait pour brouiller le message, et écœurer les agents comme les organisations syndicales.
« On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a ! »
Au Comité technique d’octobre a été voté l’octroi de la prime mensuelle de 118 € brut promise aux aides-soignants. La CGT s’est abstenue et a demandé une négociation plus large couvrant les personnels privés de prime.
Durant les débats, un échange assez vif a opposé la CGT à Mme Filoche. La prime accordée aux aides-soignantes diplômées ne bénéficiera pas aux agents sociaux (catégorie C) assurant la même fonction, qui occupent 30 % des postes de soignants dans les EHPAD du CASVP. Pour la CGT, il s’agit d’une injustice, et nous souhaitions en discuter. Mme Filoche s’est emportée, pensant que la CGT allait voter contre la prime. A-t-elle conscience de la brutalité de sa phrase ?
De droite comme de gauche, la CGT combat l’austérité.
Ce fut la réponse de nos camarades. Nous, travailleuses et travailleurs du social et du médico-social, ne voulons pas continuer à travailler dans ces conditions. Nous n’acceptons pas le « faire ce qu’on peut avec ce qu’on a », sous prétexte que les EHPAD sont déficitaires. Evidemment qu’ils le sont : prendre soin des personnes âgées, ça coûte cher, et pour nous il ne saurait être question d’argent. Surtout dans la ville la plus riche de l’un des pays les plus riches du monde.
Nous avons d’autres ambitions pour nos aînés, nous revendiquons le droit de prétendre à un avenir meilleur que « faire ce qu’on peut avec ce qu’on a ». Mme Filoche s’est engagée à ouvrir une discussion sur « l’EHPAD idéal ». Comptez sur la CGT : nous parlerons d’argent, de budget municipal, de jeux olympiques, de priorités...