Nous manquons de bras, nous sommes devenus des robots du
soin !
Le gouvernement a changé. Michèle
Delaunay, ministre déléguée en charge des personnes âgées, a
rappelé aux citoyens qu’ils ont un devoir de solidarité et de
fraternité envers les personnes âgées.
Nous l'avons invitée à diriger ses
pas vers les maisons de retraite et à s’attarder sur les
conditions de travail des salariés des EHPAD du CASVP. Ceux-ci ne
voient aucune amélioration de leurs conditions de travail pour
effectuer une bonne prise en charge des personnes âgées
accueillies, dont une majorité relèvent de l’aide sociale.
Les EHPAD ne sont pas qu’un coût,
ils représentent un service rendu aux personnes âgées et sont
créateurs d’emplois.
Mme la ministre doit considérer
l’étude des «quotas» de personnels non comme un coût, mais
comme un service rendu réellement au plus près des personnes
dépendantes dans leur lieu de vie. Le climat social de ces
établissements en découle…
La santé n’est pas une marchandise,
pas plus que la perte d’autonomie.
De nombreux glissements de tâches sont
effectués chaque jour pour répondre aux besoins des usagers
(exemple : les manques d’infirmières et d’aides-soignants). Et
que dire aussi de l’externalisation des services qui dérivent sur
la commercialisation de certains actes. Comment peut-on respecter les
résidents au vu des conditions de travail actuelles ?
Les personnels sont soumis à la
réalisation de soins en série, de façon impersonnelle et
inadaptée. Le manque de temps conduit à écourter l’échange avec
le pensionnaire, conduisant à la frustration, avec la crainte de
devenir maltraitant.
La relation, l’écoute sont
sacrifiées par l’obligation des soins d’hygiène et l’aide à
l’alimentation. Ce manque criant de personnel entraîne pour les
personnes âgées accueillies dans les établissements un manque de
respect de leurs habitudes de vie, des prises en charges inhumaines
et même des défauts de soins par le manque de temps à leur
consacrer.
La Ville de Paris compte 14 EHPAD, les
organisations, la situation des personnels et la situation des
pensionnaires sont exactement les mêmes.
Prochainement 4 nouveaux EHPAD font
ouvrir, si la configuration est de même nature, sans la suppression
de la convergence tarifaire nous nous orientons vers une grande
précarité de la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
EHPAD Annie Girardot, une ouverture au
rabais !
L’ouverture de l’EHPAD Annie
Girardot lors du dernier trimestre 2012 montre à quel point, les
moyens sont nivelés par le bas :
► Le financement sécurité sociale
du tarif soin a baissé (pour exemple 1 GIR1 venant de A Payen =
61,06€ et 1 GIR1 nouvellement admis = 52,82€ par jour).
► Les effectifs sont aux plus bas
Pour les équipes du matin :
- deux services de 32 pensionnaires dont une unité de soins UVP accueillant des résidents ALZHEIMER ou avec des pathologies cognitives, avec seulement 3 aides soignants et 1 agent d’hôtellerie.
- deux autres unités de 18 lits avec 1 seul aide soignant sans agent d’hôtellerie pour tout réaliser.
- seulement 2 postes infirmiers sur l’équipe du matin, un seul l’après-midi et la nuit, 1 IDE en mutualisation avec un autre EHPAD...
- sans parler de l'équipe soignante de nuit (3 AS en moyenne et 1 IDE sur 2 établissements), des services administratifs, du nettoiement, de la cuisine, de l'accueil… qui sont aussi en sous effectif.
Pour les équipes de l'après-midi :
- 2 soignants pour les unités de 32 lits, avec 1 agent social.
- 1 seul aide soignant pour les unités de 18 lits
► Les conditions de travail se
détériorent :
- Le lot quotidien des personnels soignants c’est l’augmentation de la charge de travail.
- Les arrêts maladies sont exponentiels, les accidents de service et les maladies professionnelles sont en augmentation.
- Une perte de la reconnaissance des métiers, perte qui va jusqu'à la démotivation des personnels. Pire, la loi sur les retraites de 2010 représente un déni de reconnaissance de la pénibilité de nos métiers.
► Le CASVP ne reconnaît pas la
valeur travail des soignants des EHPAD
Cette reconnaissance passe par La NBI
attribuée dans la fonction publique hospitalière aux agents
exerçant auprès des personnes âgées n’ayant pas leur autonomie
de vie dans les services de gériatrie.
Pour les mêmes fonctions, la Mairie de
Paris refuse de verser cette bonification (46€/mois). La direction
du CASVP peine à argumenter le non paiement de cette bonification
: «nous y avons pensé et pourquoi pas après tout» nous
avait dit Mme Laure de la BRETECHE Directrice Générale le 10
octobre 2011, «mais nous avons renoncé car le contexte actuel
lié à la convergence tarifaire entraînerait des suppressions de
postes pour compenser»...Un chantage dans la droite ligne du
MEDEF...
Les salariés et les usagers attendent
un changement dans les orientations du nouveau gouvernement en
matière de prise en charge des personnes âgées dépendantes, pour
un véritable droit à l’autonomie.
L’inquiétude des familles et des
personnes âgées sur les conditions d’accueil et sur le reste à
charge qui reste ingérable pour beaucoup compte tenu du montant des
pensions doit être entendue.