Discours de Sophie Binet prononcé lors d'un rassemblement à l'initiative du Réseau d’Action contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), en hommage aux victimes de la nuit de cristal, lors de laquelle 70 000 juifs ont été raflés et des centaines assassinés, et qui a marqué le début de la Shoah et de l’extermination de 6 millions de personnes juives,
Nous tenons à exprimer toute la solidarité de la CGT avec la communauté juive de France victime d’actes antisémites en forte augmentation, ayant parfois de la famille en Israël victime des attaques du Hamas, et ne se sentant au final en sécurité nulle part.
Nous tenons à exprimer toute la solidarité de la CGT avec la communauté juive de France victime d’actes antisémites en forte augmentation, ayant parfois de la famille en Israël victime des attaques du Hamas, et ne se sentant au final en sécurité nulle part.
- Non, la communauté juive n’est pas responsable de la politique de l’Etat d’Israël
- Non, rien ne justifie ou n’excuse jamais l’antisémitisme
- Non, critiquer la politique de l’Etat d’Israël, défendre les droits des palestiniens ce n’est pas être antisémite
- Oui, il est nécessaire d’identifier l’antisémitisme, cette forme particulière de racisme et de mener des actions spécifiques pour la dénoncer.
- Oui, nous avons beaucoup à progresser sur le sujet, y compris au sein du mouvement ouvrier qui a lui aussi longtemps - et encore aujourd’hui – toléré ou minimisé l’antisémitisme.
Merci au RAAR pour le travail qu’il nous aide à réaliser avec la campagne contre «l’extrême droite, le racisme et l’antisémitisme» que nous avons lancée ensemble le 5 octobre dernier lors d’une journée organisée dans le patio de la CGT rassemblant 450 militantes et militants.
L’histoire de l’antisémitisme est intimement liée à l’histoire de France et à l’histoire de l’occident.
Cette histoire, elle coule aussi en partie dans les veines de la CGT qui a été dirigée pendant 40 ans par d’anciens déportés, de Georges Seguy à Henri Krasucki, juif, polonais, résistant, déporté à 18 ans à Auschwitz.
En disant que cette histoire est liée à l’histoire de France, c’est parce que nous avons d’abord, nous, français·e, à faire notre autocritique sur cette question alors que la shoah a été amplifiée par la collaboration de la France. Et c’est ce qui m’échappe dans la manifestation de dimanche.
Comment l’extrême droite et les fils spirituels de ceux qui ont déporté 6 millions de juifs peuvent-ils être acceptés dans des défilés contre l’antisémitisme ?
Henri Krasucki mettait en garde et enjoignait à «ne pas jouer à des jeux politiciens autour de la grave question du racisme et de l’antisémitisme».
Et c’est exactement le problème aujourd’hui.
Ce message simple semble pourtant malheureusement si compliqué aujourd’hui.
Nous avons besoin d’avoir une classe politique qui soit capable de
- Condamner clairement le terrorisme du Hamas, l’assassinat de 1400 civils israéliens et appeler à la libération immédiate des 220 otages
- Condamner tout aussi clairement les bombardements de Gaza qui ont déjà fait 10000 morts palestiniens dont 5000 enfants et demander un cesser le feu immédiat sans condition.
- Condamner avec autant de force l’antisémitisme en cessant de le justifier par la question du conflit israélo palestinien, le racisme et l’islamophobie en rappelant sans cesse que ces questions sont au cœur des idéologies d’extrême droite et qu’il est donc de notre responsabilité de maintenir et renforcer un cordon sanitaire Républicain pour empêcher le gravissime processus de banalisation du rassemblement national qui est à l’œuvre.
Dans la période troublée, anxiogène et violente que nous vivons, nous avons besoin de trouver le moyen de sortir de cette terrible polarisation du débat public.
Nous avons besoin d’avoir des phares, des boussoles, équilibrées qui savent donner le cap.
Le RAAR, la LDH et toutes celles et ceux qui s’expriment ici ce soir y contribuent.
Sophie Binet, le 9 novembre 2023