⛔ "On vient travailler avec la boule au ventre" : les salariés de l'Ehpad François 1er en grève pour demander le départ du directeur - FR3 hauts-de-france

Les salariés de l'Ehpad François 1er de Villers-Cotterêts sont en grève pour deux jours (4 et 5 décembre 2025). Ils dénoncent une dégradation des conditions de travail affectant la santé des agents et la qualité de prise en charge des résidents de l'établissement qui appartient à la Ville de Paris.

"Management autoritaire", agents "à bout", "dégradation grave et durable du climat de travail" : les mots sont forts et reflètent l'état d'esprit des salariés grévistes de l'Ehpad François 1er de Villers-Cotterêts.

Soutenus par l'intersyndicale CGT-FO-Unsa, ils ont défilé, ce jeudi 4 décembre, dans les rues de la ville, pour faire entendre leur colère.

"On est arrivés à un point de non-retour"

Le préavis de grève, déposé pour les 4 et 5 décembre, est reconductible. "Ça nous coûte financièrement, le budget est serré pour tout le monde aujourd'hui, mais pour arriver à ce qu'on veut, il faut se battre et on ne lâchera rien", assure l'aide-soignante. Leur revendication est simple : ils réclament le départ du directeur de l'établissement, en poste depuis 2017.

Laurent Echalier, secrétaire général FO centre d'action sociale de la Ville de Paris, décrit un directeur "un peu en roue libre" qui refuse de quitter l'établissement malgré les propositions de mutation formulées par la direction générale. "On est arrivés à un point de non-retour", assure le représentant syndical.

La Ville de Paris, propriétaire de l'établissement, n'a pas souhaité répondre à nos questions et indique que les demandes des syndicats seront étudiées dans le cadre du dialogue social, sans donner plus de précisions.

Dans le cortège, une vingtaine de salariés grévistes sont accompagnés par plusieurs dizaines de collègues venus d'autres établissements gérés par la Ville de Paris pour les soutenir. D'après les représentants syndicaux, de nombreux salariés de l'Ehpad François 1er n'aurait pas osé se mettre en grève par peur des représailles, en raison de leur statut précaire. 

"Il y a toujours des excuses pour repousser leur titularisation, de trois mois, de six mois… Avant, ça ne se passait pas comme ça", assure Nathalie Szlatcha, aide-soignante et représentante syndicale CGT.

Son collègue de la CGT Simon Lecoeur parle même de "chantage à l'emploi" de la part du directeur. "Il y a un taux de chômage assez important ici, donc avec les menaces du directeur, les agents ont peur de perdre leur emploi, il joue là-dessus pour leur mettre une pression supplémentaire et leur reprocher tout et n'importe quoi", confirme Laurent Echalier.

Les salariés décrivent un climat anxiogène

Dans un communiqué, l'intersyndicale souligne que "la situation ne relève plus d'incidents isolés" et qu'elle "compromet désormais le fonctionnement même de l'établissement", impactant à la fois les salariés et les résidents. "C'est le ras-le-bol total, confirme Nathalie Szlatcha. Le directeur convoque pour un rien, il y a toujours quelque chose, il vient fouiller dans les couloirs, regarder, écouter aux portes… c'est plus possible."

Il y a toujours un stress, une chape de plomb sur nos épaules

Cécile Filleule, infirmière à l'Ehpad, fait partie du cortège. Elle décrit une tension quotidienne qui pèse sur les agents. "On vient travailler avec la boule au ventre, confie-t-elle. Et quand on rentre chez nous, on y pense. On se demande si on ne va pas être convoqué et sanctionné, c'est quelque chose qui m'est déjà arrivé. Il y a toujours un stress, une chape de plomb sur nos épaules, on est tout le temps dans la peur."

"Le directeur donne des directives qui ne rentrent pas dans le cadre de nos fiches de poste, les gens en ont ras-le-bol, ils sont soumis à une pression de la direction, ils n'en peuvent plus. Il y a des collègues qui vont très loin, et qui parlent même de suicide", décrit un aide-soignant, visiblement ému.

D'autres salariés ont souhaité rester anonymes pour confier à nos collègues de France 3 Paris-Île-de-France des "menaces déguisées", des "remarques humiliantes" et des personnels qui sortent "en larmes de son bureau".

Avec Mélissa Genevois / FTV



👉 Vidéo - FR3 - Ehpad François 1er de Villers-Cotterêts - "Management autoritaire", agents "à bout", "dégradation grave et durable du climat de travail"