● Un manque de considération pour les personnels et les résidents des Ehpad - La CGT s'adresse à Mme Hidalgo



Paris, le 26 janvier 2016


Madame la maire de Paris,



Il faut entendre la colère, le désarroi et le mal être des agents des EHPAD du CASVP parce que le travail demandé ne correspond plus aux moyens mis en œuvre pour l'effectuer.




Les convictions personnelles, les valeurs professionnelles, la conscience professionnelle sont laminées par une gestion «d'entreprise» qui se met en place dans les EHPAD du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris. 

Manque de temps, de moyens et de financements. 

Les agents réunis récemment en AG dans les Ehpad (Debrousse, Cachan, Prin, Bondy...), à l’initiative de la CGT ont développé les risques inhérents à ce mode de gestion qui à terme démobilise et détruit. Le contact avec la souffrance qu'on ne peut atténuer faute de temps ou de moyens est insupportable et fragilise de jour en jour un peu plus le personnel. 

Dans les Ehpad du CASVP, le personnel est poussé à bout par les conditions de travail. 

Les personnels sont soumis à la réalisation de soins en série, de façon impersonnelle et inadaptée. Le manque de temps conduit à écourter l’échange avec le résident demandeur, ce qui génère frustration et culpabilité. La part relationnelle est sacrifiée devant l’obligation des soins d’hygiène ou d’aide à l’alimentation. 

Les soignants aiment leur métier mais souffrent de le faire, ils craignent par manque de moyens de devenir "maltraitants". 

Nous nous heurtons à une direction générale du CASVP obnubilée par la réduction des déficits, la redéfinition de l'organisation du travail et la réduction des effectifs alors que la dépendance des résidents ne cesse d'augmenter.

En 2004 le gouvernement lançait le plan « Vieillissement et solidarité » pour renforcer l'encadrement dans les maisons de retraite. En 2016 les maisons de retraite sont toujours sous-dotées, et les objectifs sont très loin d’être atteints.

Les taux d’encadrement en personnel soignant restent très insuffisants pour répondre aux besoins de soins requis par les personnes âgées hébergées en Ehpad, alors que le plan solidarité grand âge préconise qu’ils augmentent à 1 personnel pour 1 résident, nous en sommes très loin… 

A cela se rajoute le manque de reconnaissance salariale pour le personnel soignant. 

► Des primes non réévaluées depuis des dizaines d'années font que les limites sont dépassées.  

► Un refus d'attribuer la NBI (nouvelle bonification indiciaire) qui pourrait compenser la perte de salaire. 

La charge de travail est si importante qu’elle a des conséquences sur le physique et le moral des agents. L’absentéisme s’envole au rythme des maladies, des accidents du travail et des défaillances humaines. 

Le travail très physique entraîne un absentéisme fréquent, élevé. Les aides soignants et les agents sociaux qui atteignent 50 ans sont «usés», avec atteinte musculo-squelettique (épaules, dos, genoux…).

Cet absentéisme conduit les établissements à des situations de crise.

A Alquier-Debrousse, la crise est prégnante. En assemblée générale, les personnels ont donc voté la grève à l'unanimité.

La CGT a rencontré la direction de l'établissement qui admet la difficulté de la tâche des personnels et la pénibilité du travail mais impuissante à mobiliser les moyens elle nous renvoie vers la direction générale du CASVP.

Celle-ci totalement déconnectée de la réalité du terrain nous engage à travailler autrement et se cantonne à sa logique gestionnaire de réduction des déficits. Une position «à côté de la plaque» que nous ne pouvons entendre.

En attente, les agents et les résidents trinquent de ce sous effectif qui nous lamine tous. Les familles de résidents se plaignent à juste titre que la prise en charge de leurs parents n'est pas à la hauteur de leurs attentes. 

Madame la maire de Paris vous avez fait de la lutte contre l'exclusion la grande cause de votre mandature mais cette grande cause ne doit pas faire oublier nos aînés hébergés dans nos Ehpad qui méritent et doivent bénéficier des meilleurs soins. Pour cela il faut des bras pour les soutenir et les aider dans leur vie courante. C'est indispensable.

Un préavis de grève va donc être déposé par la CGT pour l’Ehpad Debrousse pour le 11 février 2016 suite à l’assemblée générale du personnel qui s’est tenue le mardi 19 janvier 2016. 

En attente, nous demandons l'ouverture d'une négociation pour l'augmentation des effectifs dans les Ehpad du CASVP et définir les modalités de remplacement des absences impromptues.

Recevez, Madame la maire, nos salutations distinguées.

Pour la CGT CASVP
Le secrétaire général 
Michel THUEUX



Copies

·        Mme Dominique VERSINI, Adjointe au Maire de Paris chargée des personnes âgées.

·        Mme Florence POUYOL directrice générale du CASVP