Les attitudes spéculatives actuelles sur les marchés qui visent notamment la Grèce portent préjudice (...), non plus à des entreprises, à des activités, mais à des États, sur la base d'opinions de ce que j'appelle des milices privées, des agences de notation que personne ne connait a déclaré Bernard THIBAULT secrétaire général de la CGT.
"Il y en a trois qui dominent le monde, qui ont été conçues par des multinationales et qui se voient aujourd'hui de fait arroger ce pouvoir bien supérieur à toutes les institutions internationales de noter le comportement des politiques gouvernementales, voire de leur porter des préjudices très lourds sur la base des notations et des spéculations qu'elles alimentent".
L’annonce de la dégradation de la note attribuée à certains États comme le Portugal ou la Grèce ou l’Espagne par les fameuses agences de notation n’en finit pas de faire couler de l’encre, de justifier des séances de marchés boursiers à la baisse. Les "spécialistes" écument les plateaux de télé pour prédire que même la France ne serait pas à l’abri d’une telle annonce.
Ces affaires ne sont pas sans rapport avec la réforme des retraites dans laquelle le gouvernement a engagé le pays, pas plus qu’avec la politique de "réduction des dépenses publiques".
C’est ainsi que dans une récent interview au Journal du Dimanche, puis à plusieurs reprises ces derniers jours, le secrétaire général de la CGT a rapproché les deux dossiers.
La CGT accuse le gouvernement "d’empêcher un vrai débat transparent sur les solutions à apporter aux régimes de retraite. Il semble plus préoccupé de faire une réforme pour donner des gages aux agences de notation, qui font pression sur la Grèce, le Portugal ou l’Espagne pour baisser les dépenses sociales et préserver les intérêts du capital au détriment des salariés".
Le secrétaire général de la CGT a renouvelé lors des 4 Vérités sur France 2 cette charge contre ces officines obscures, autoproclamées dont les notes provoquent des séismes financiers, économiques et sociaux dévastateurs. (voir la vidéo)
Petit rappel des faits
Mardi, l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé la note du Portugal au prétexte de finances publiques "structurellement faibles" malgré des mesures de rigueur très contestées par les syndicats. Elle a ajouté à cela un tableau pessimiste faisant craindre une future nouvelle décote. Après Athènes, Lisbonne est ainsi dans le collimateur des marchés financiers.
A Lisbonne la réponse de l’exécutif ne s’est pas faite attendre : "le pays doit répondre à cette attaque des marchés", a estimé, mardi, le ministre des Finances. Le gouvernement portugais se laisse enfermer dans un discours de rigueur "pour promouvoir la compétitivité de l’économie portugaise".
Qui sont ces agences ?
Le marché du "rating" est aux mains de quelques institutions privées comme Standard & Poors, Moodys et Fitch qui sont au service des institutions financières (banques notamment) effectuant des prêts.
Elles notent pour le compte de ces entreprises ou des États la fiabilité des obligations, dettes ou produits structurés tels que les fameux crédits hypothécaires "subprimes" américains.
Elles ne sont en rien des outils transparents, démocratiques, contrôlés par les élus de la Nation et leur financement est assuré par ceux là même qui souhaitent être notés.
On leur reproche de ne pas avoir vu venir toutes les différentes crises récentes : crise des subprimes où les agences donnaient de très bonnes notes à certains actifs quelques semaines seulement avant qu’on les qualifie de toxiques, éclatement de la bulle Internet, effondrement bancaire islandais.