L’augmentation
de la CSG de + 1,7 %
au 1/01/2018
peut
entraîner la mort de la sécurité sociale.
Explications
Notre
système de protection sociale (retraite, assurance maladie,
chômage…) est principalement financé par les cotisations
sociales.
Une
partie du salaire est payée individuellement aux salariés, un
salaire direct : le
salaire net.
L’autre partie formée des cotisations est versée aux caisses de
Sécurité sociale (l’Urssaf) ou aux caisses de chômage (le pôle
emploi). Ce versement dans « un pot commun » est conçu
pour satisfaire des besoins en raison de la maladie, de la maternité,
des charges familiales, du chômage, de l’invalidité, de la
retraite, c’est un salaire indirect : le
salaire socialisé,
(appelé aussi salaire social, mutualisé, collectif…).
La
carte VITALE «Chacun
cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins»
Ambroise
Croizat
Dans
les temps qui courent c’est ce salaire qui résiste le mieux aux
effets de la crise contrairement aux fonds de pension qui se sont
avérés foireux ou aux assurances privées qui dépendent des
banques et de la bourse.
Emmanuel
Macron comme le MEDEF estiment que la protection sociale pèse trop
sur les revenus issus du travail.
Aujourd’hui,
il est clair que le gouvernement veut s’attaquer rapidement et
violemment à la Sécurité Sociale.
Notre
système de santé est mis à mal par le désengagement de l’État
et des employeurs. La part de la population qui ne peut plus se
soigner correctement augmente.
Toutes
les études sérieuses le démontrent. Ce qui semble en jeu dans la
prochaine période, c’est bel et bien le démantèlement des
fondements de la Sécurité sociale.
Le
MEDEF a clairement fait entendre ses exigences en matière de
nouvelles «baisses des charges».
Dès
le 1er
janvier 2018, le président de la République et son gouvernement
entendent supprimer les cotisations sociales salariales et
patronales
(chômage et maladie) en échange d’une hausse de la CSG
(contribution sociale généralisée).
Une
décision qui peut signer l’arrêt de mort de NOTRE
sécurité sociale
Les
recettes «nouvelles» (hausse de la CSG) ne
compenseront
pas ce qui est perdu par le biais des baisses de cotisations,
notamment
patronales.
Monsieur Macron peut bien annoncer de meilleurs remboursements sur
certains postes (lunettes, prothèses dentaires et auditives), il n’a
en rien expliqué à combien vont se monter ces remboursements qui
risquent d’être de la poudre de perlimpinpin.
Paradoxe,
il annonce une baisse des dépenses de l’assurance maladie de 15
milliards qui ne peut être compensée que par les patients ou par
leurs complémentaires.
Dans
ces conditions, il est à craindre une hausse des cotisations
complémentaires en sus de l’augmentation de la CSG. Ces
complémentaires sont maintenant prises dans une logique
concurrentielle (du fait de la place croissante du secteur de
l’assurance) et assurantielle. Elles tarifient leurs cotisations de
plus en plus, non pas en fonction des ressources, mais selon le
risque de santé et l’âge, et donc d’une manière de plus en
plus inégalitaire.
N’oublions
jamais
que la sécurité sociale est la propriété des salariés, financée
par les cotisations versées à partir des salaires. C’est
ce que l’on appelle le salaire différé.
Le
gain de pouvoir d’achat sera en trompe l’œil pour les salariés
du privé et pour les fonctionnaires l’annonce de la compensation
de la hausse de la CSG de 1.7% par une baisse des cotisations
patronales « maladie » des employeurs publics locaux de
11.5% à 9.99% va mettre en difficulté notre sécurité sociale dont
le financement est basé sur les cotisations sociales…
Cette
mesure remet en cause notre modèle social. De plus, elle oppose les
« actifs » aux retraités et réduira le pouvoir d’achat
de ces derniers. En effet, avec cette hausse de CSG, les retraités
ayant des revenus supérieurs à 1 200 euros par mois pour un
célibataire et 1 840 euros pour un couple verront leurs pensions
amputées de plusieurs dizaines d’euros par mois.
La
baisse des cotisations en échange de la hausse de la CSG va dans le
sens d’un changement profond de notre modèle social fondé sur le
travail. Les conséquences en seront un affaiblissement de la
Sécurité sociale, avec un risque de dégradation de la qualité des
services et une élévation de leurs coûts.
Dans
le privé, la hausse du salaire net résultant de la baisse des
cotisations pourrait aussi peser sur les négociations salariales.
Les employeurs pourraient en faire un prétexte pour s’opposer aux
revendications des salariés. Cette mesure pourrait donc surtout
profiter aux grandes entreprises car généralement les salaires y
sont plus élevés.
Les
gains promis seront encore moins importants pour les salariés car la
CSG va augmenter dès le 1er janvier, tandis que la baisse des
cotisations se fera en plusieurs fois sur l’année 2018.
Cette
baisse vise surtout à respecter l’engagement du gouvernement de
ramener le déficit budgétaire à moins de 3 % du PIB. Il
s’agit donc d’une opération comptable qui vise à montrer que
les engagements européens sont considérés comme prioritaires par
le gouvernement.
Pour
la CGT, la sécurité sociale ne doit pas être laissée aux
mains des affairistes et des banques puisqu’il s’agit
de NOTRE sécurité sociale et qu’il est hors de question de
revenir à la situation de l’avant guerre où la maladie pouvait
être synonyme de ruine pour pouvoir se soigner.
Il
est temps de revenir aux fondements de la Sécurité Sociale
telle qu’elle a été arrachée en
1945, fondée sur le salaire
différé et assurant le remboursement des soins à 100%.
Pour comprendre tous les enjeux liés à la sécurité sociale, le film "La Sociale" de Gilles Perret vient de sortir en DVD (novembre 2017).