★ La CGT du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris s'adresse aux député(e)s du Nouveau Front Populaire de Paris concernant les exclus du Ségur au CASVP

Paris, le 7 octobre 2024

 

 

Pour un Ségur 4

 

 

 

 

 

 

 



Madame la députée, Monsieur le député du Nouveau Front Populaire de Paris. 

La CGT du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris a officiellement appelé les agents du CASVP à voter et à faire voter leurs proches pour vous. De plus, des dizaines de militantes et militants de notre organisation ont activement participé à la campagne impulsée par l’Union Départementale CGT de Paris et les Unions départementales de banlieue en se portant volontaires pour diffuser massivement des tracts à la population dans les grandes gares parisiennes, en allant renforcer les équipes de diffusion et de collage dans les circonscriptions « tendues », de l’autre côté du périphérique et au-delà de l’A86. En étant à l’initiative d’une assemblée générale ouverte et avec une campagne de communication efficace pendant les élections, nous avons également réussi à agréger une dizaine de collègues non syndiqués pour participer à cet effort collectif et salutaire. 

Nous l’avons fait sans exclusive, nous avons voté pour un programme, sans regarder les têtes d’affiche. Nonobstant, nous vous félicitons et nous félicitons nous même de votre élection. 

En effet, nous avons contribué au moins en partie de cette victoire électorale de la gauche contre l’extrême droite et l’extrême centre, et nous sentons légitime à porter nos revendications avec insistance auprès de vous. Nous passerons sur celles qui sont déjà portées nationalement par la CGT (retraite à 60 ans, SMIC à 2200 € brut, point d’indice à 6 €…) et vous invitons à considérer une revendication que notre syndicat a porté avec force ces dernières années. Il s’agit de l’extension du « Ségur » à tous les agents des centres communaux d’action sociale et des services départementaux de l’action sociale et médicosociale, de ce qu’on nomme « le soin et le lien ». 

Le CASVP est un CCAS, le plus gros de France : plus 6000 agents travaillant dans 15 EHPAD, un EPS (espace parisien des solidarités) par arrondissement, 9 centres d’hébergement, 90 résidences pour personnes âgées, 40 restaurants sociaux, et des services supports pour « faire tourner la baraque ». L’action sociale parisienne est mise en œuvre par l’ensemble des agents, y compris celles et ceux qui ne sont pas en contact direct avec le public. Le public : plusieurs centaines de milliers de personnes, isolées ou en famille, hébergées, soignées, accompagnées, nourries.

Ces dernières années, les dispositifs dits « du Ségur » initialement cantonnés à l’hôpital ont progressivement été élargis au monde du médico-social puis du social. Progressivement, mais péniblement. Il reste encore de nombreux exclus du Ségur dans toutes les circonscriptions de France. La principale mesure du « Ségur », en tout cas celle que les agents plébiscitent, consiste en l’attribution de 49 points d’indice supplémentaire sur la fiche de paie, ce qui correspond aujourd’hui à 192 € nets, qui comptent pour la retraite. 

Le décret n°2022-728 qui permet d’accorder le CTI aux agents territoriaux de la filière sociale et médico-sociale a été appliqué à la Ville de Paris, sous la pression de notre syndicat. Au sens du décret, ces agents doivent, de façon cumulative : faire partie de certains cadres d’emplois bien déterminés, exercer dans des établissements relevant d’articles bien précis du code de l’action sociale et des familles, et exercer des fonctions socio-éducatives. 

Dès le mois de mai 2022, en faisant signer des pétitions et en organisant des journées de grève, la CGT CASVP a été à l’offensive et a obtenu non seulement l’application du décret mais aussi un équivalent, un « Ségur élargi » pour certains personnels exclus du décret : les secrétaires médico-sociale, et l’ensemble des personnels des centres d’hébergement. 

Dorénavant, les trois quarts des agents du CASVP sont couverts par cette prime d’une manière ou d’une autre : Complément de traitement indiciaire dans les EHPAD et dans les SSIAD, et pour les agents relevant du décret du 28 avril 2022, ou augmentation du régime indemnitaire pour ceux du périmètre élargi.

Au Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris un quart environ des agents restent exclus du Ségur. 
• Dans les résidences autonomies qui hébergent des restaurants, tous les agents ont la prime sauf ceux en cuisine.
• Dans les restaurants solidaires et émeraude, les agents n’ont pas cette prime alors que pour les mêmes fonctions, dans les centres d’hébergement, ils sont éligibles. Ces agents n’ont jamais cessé de travailler durant la crise sanitaire. Ils ont continué à préparer les repas, ont été redéployés sur les établissements, ont rempli des sachets repas pour les parisiens précaires qui autrement ne pouvaient pas se nourrir. 
• Les agents d’accueil des PSA (accueil des sans domicile) sont aussi exclus, alors que leurs collègues travailleurs sociaux et secrétaires perçoivent cette prime ou son équivalent. 
• Les agents instructeurs des prestations dans les structures d’arrondissement qui accueillent en continu du public précaire. • Les agents d’accueil en service social qui ne sont pas SMS, alors qu’ils effectuent le même travail avec un régime indemnitaire moindre et une grille salariale inférieure. 
• Les agents des services centraux et support sans qui la machine de l’action sociale et médico-sociale parisienne ne peut absolument pas fonctionner.

L’écrasante majorité de ces agents sont en catégorie C, avec les grilles salariales les plus basses, alors que leurs collègues de catégorie A et B perçoivent le fameux « Ségur » ou son équivalent. 

Cette situation se retrouve, dans des proportions différentes selon les collectivités, dans toutes les circonscriptions de France. 

Les dispositifs issus du Ségur n’ont pas été signés par la CGT pour plusieurs raisons : faiblesse des revalorisations, aucun effort sur les effectifs, et discrimination entre catégories de métiers. Cependant, nous héritons aujourd’hui de l’architecture initiale de ces décrets, qu’il convient de rectifier. 

Une fois arrivée au bout des extensions arrachées à la Ville de Paris, notre syndicat a mené une lutte acharnée qui s’est matérialisée par 2 mois et demi de grève et une occupation de plus d’un mois d’un restaurant solidaire dans le 20ème arrondissement. La lutte s’est soldée par une « demi-victoire », la majorité municipale parisienne, qui était alors à la NUPES a préféré ignorer cette aspiration égalitaire et se cacher derrière la responsabilité de l’Etat et du gouvernement. 

Il conviendrait aujourd’hui d’au moins terminer le travail en accordant le « vrai Ségur » sous forme de Complément de Traitement Indiciaire, à tous les agents des CCAS et services départementaux du social et du médico-social. De simples décrets modificatifs feraient l’affaire, en assurant toutefois un financement pérenne par l’Etat. 

Evidemment, ce ne peut être la seule ambition pour la reconstruction des services publics de la santé, de l’éducation, du soin et du lien. Le Ségur n’a pas sauvé l’hôpital, il ne sauvera pas le social, mais ce serait au moins un bon signal pour les salariés sous-payés de ces secteur essentiel. 

Car l’égalité, c’est la base.


Pour la CGT CASVP
Simon Le Cœur
Secrétaire général 

Copie à
  • Sophie BINET, Secrétaire générale de la CGT.
  • Natacha POMMET, Secrétaire générale de la Fédération CGT des Services publics.
  • Benoit MARTIN, Secrétaire général de l’Union Départementale CGT de Paris.

  

23, rue Bobillot 01 53 80 97 60