🚩 Adresse de la CGT au Premier ministre, Michel Barnier - La CGT a rencontré le nouveau Premier Ministre ce mercredi 25 septembre 2024

La délégation, composée de Sophie Binet, secrétaire générale, ainsi que Sandrine Mourey et Denis Gravouil, membres du bureau confédéral, ont rappelé les exigences de la CGT en matière de salaires, réforme des retraites, industrie et services publics ainsi que la gravité du danger face à la montée de l'extrême-droite...


La CGT appelle le gouvernement à agir pour répondre aux exigences des salarié·es et des retraité·es autour de 5 priorités :
  • L’augmentation des salaires et des pensions
  • L'abrogation de la réforme des retraites
  • Le financement de nos services publics
  • Le renforcement et la transformation environnementale de notre industrie
  • Renforcer la démocratie sociale à tous les niveaux

1- L’augmentation des salaires et des pensions


Il s'agit de la première préoccupation des français.e.s alors que depuis 2020, les prix n’ont pas cessé d’augmenter sans que les salaires et les pensions ne suivent. Résultat : pour un salarié au salaire médian, son salaire a baissé en euros constants de 143€ par mois.

À partir des données de la Dares, à la fin de l’année 2023, le pouvoir d’achat du salaire mensuel de base est revenu à son niveau de fin 2012 !

Dans le même temps, les dividendes atteignent des records et les grandes entreprises font le choix d'augmenter leurs prix pour maintenir et renforcer leurs marges, à l'image des stratégies suivies par l'agroalimentaire, la grande distribution ou l'automobile par exemple.
Le SMIC ne permet pas de vivre et doit être augmenté immédiatement, ce d'autant plus qu'il va baisser en euros constants !

En effet, il ne bénéficiera pas d'une augmentation automatique au 1er octobre étant donné que l'indice des prix à la consommation (IPC) s'élève à 1,8%, un indicateur qui minore d'ailleurs l'inflation réelle, évaluée par l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), retenu par la banque de France et la commission européenne à 2,2% pour 2024.

Enfin, contrairement à ce qui semble filtrer du rapport Bozio Wasmer qui n'a toujours pas été communiqué aux organisations syndicales, pas question de prétendre augmenter le salaire net en baissant le salaire brut ! Alors que les exonérations de cotisations sociales atteignent des records, grèvent le budget de l'Etat et de la sécurité sociale tout en constituant des trappes à bas salaires, la CGT porte des propositions pour organiser leur disparition progressive.

2- L'abrogation de la réforme des retraites 

La réforme des retraites imposée par Emmanuel Macron malgré la mobilisation de millions de salarié.e.s, l'opposition de toutes les organisations syndicales, d'une majorité de député.e.s et de 80% des français.e.s doit être abrogée. La CGT demande l'organisation d'une conférence tripartite de financement pour que les organisations syndicales puissent porter leurs propositions pour financer le rétablissement de la retraite à 62 ans. 
Une fois la réforme 2023 abrogée, la CGT exige une réforme de progrès autour des axes suivants
- Une vraie prise en compte de la pénibilité avec l'intégration de l'ensemble des critères de pénibilité, l’élargissement de l’accès au service actif dans le public, et des possibilités de départs anticipés à partir de 55 ans, notamment pour les métiers féminisés 
- L'élargissement du dispositif carrières longues 
- La prise en compte des années d'études et de stage - L'égalité salariale et professionnelle femmes/hommes 
- le rétablissement du calcul sur les 10 meilleures années 
- Le retour à la retraite à 60 ans, le maintien et le développement des régimes pionnier.

3- Le financement de nos services publics 

Le Président de la République a fait le choix de baisser de 73 milliards d'euros les impôts des plus riches et des entreprises depuis 2017 (suppression de l'ISF, de la CVAE, baisse du taux d'impôt sur les sociétés, des impôts de production...). Les aides publiques aux entreprises atteignent 170 milliards chaque année - 220 milliards en prenant en compte les aides déclassées - un montant multiplié par quatre depuis 20 ans. Dans le même temps, fonctionnaires et services publics ont été placés à la diète, tant et si bien que l'état de paupérisation de nos services publics est préoccupant. Le PLF doit permettre un plan d'urgence pour financer nos services publics et notamment: 
- L'augmentation du point d'indice, la revalorisation des grilles salariales pour reconnaitre les qualifications, revaloriser les métiers féminisés et garantir l'attractivité des métiers 
- Un plan pluriannuel de financement pour nos EHPAD, nos hôpitaux publics, nos écoles, notre justice, nos universités et nos organismes de recherche 
- Une loi de programmation sur la dépendance, pour financer et mettre en place un service public de la perte d'autonomie et de la petite enfance dont le privé lucratif serait exclu.
- Un plan pluriannuel pour le financement de nos infrastructures et de nos services publics d'avenir, au service de la transition environnementale: infrastructures ferroviaires, service public postal, énergie décarbonée... 

Pour financer nos services publics la CGT propose 

- La remise à plat remettre à plat et le conditionnement des aides aux entreprises, la mise en place d'un avis conforme des représentants du personnel - Un plan ambitieux de lutte contre la fraude fiscale
- Le rétablissement de l'ISF, de l'impôt sur les sociétés, de la CVAE, la taxation du capital, des dividendes et des rachats d'action 
- Au-delà, la CGT propose la mise en place d'une vraie réforme de justice fiscale pour rétablir et renforcer la progressivité de l'impôt sur le revenu et baisser la TVA.

4- Le renforcement et la transformation environnementale de notre industrie 

La politique de l'offre c'est un échec sur tous les fronts : la balance commerciale n'a jamais été aussi déficitaire, la dette a été creusée de 1000 milliards d'euros depuis 2017 et les quelques créations d'emplois placent notre pays dans la fourchette basse européenne. Pourtant, les salarié.e.s ont été violemment mis à contribution avec une réforme du code du travail, 4 réformes de l'assurance chômage, une réforme des retraites, la baisse de leurs salaires, de leurs pensions et de leur pouvoir d'achat et la dégradation continue de leurs services publics. Notre industrie va mal et les licenciements se multiplient. En cette rentrée 2024, la CGT recense plus de 170 plans de licenciements, pour un total d'au moins 100 000 emplois menacés. 

La CGT demande notamment 

- Un moratoire immédiat sur les licenciements grâce au dispositif d'APLD permettant la construction de projets industriels pour maintenir et développer l'activité 
- La mise en place d'une sécurité sociale professionnelle environnementale pour responsabiliser les donneurs d'ordre et créer des fonds mutualisés au niveau des branches pour reconvertir et former en maintenant le contrat de travail et les garanties collectives des salarié·es concerné·es
- L'organisation d'une table ronde tripartite sur l'automobile pour responsabiliser les donneurs d'ordre et conditionner les aides publiques au développement de l'emploi en France. La CGT attire particulièrement l'attention sur la situation des salarié·es de MA France et de Valéo 
- La mise en place d'une toute autre politique industrielle basée sur le conditionnement des aides publiques 
- La mise en place d'un moratoire immédiat sur le plan de discontinuité du fret ferroviaire 
- La mise en place d'un plan de développement du logement social et d'isolation du parc de logement pour mettre fin aux passoires thermiques 
- La validation des projets de reconversion des centrales de Cordemais et Gardanne

5- Renforcer la démocratie sociale à tous les niveaux 

La démocratie sociale a été abîmée par 7 ans de verticalité et d'autoritarisme patronal et gouvernemental. 
La CGT demande notamment 
- La restauration des organismes paritaires fragilisés par les ponctions financières décidées par le gouvernement au niveau de l'assurance chômage, de la branche ATMP et d'Action logement 
- L'abrogation des ordonnances Macron, la restauration des CHSCT, des représentants du personnel de proximité et de la hiérarchie des normes 
- La création de droits d'intervention des syndicats et représentants du personnel sur les stratégies des entreprises avec le développement des avis conformes et la parité des salariés dans les conseils d'administration 
- L'arrêt immédiat des poursuites contre tous les syndicalistes, l'amnistie des militant·es condamné·es, une loi pour lutter contre les discriminations syndicales 

Paris, le 25 septembre 2024