★ Allocation exceptionnelle du Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris - Un droit de l'usager maintenant soumis à condition : Un accompagnement social obligé !


Point 7 (comité technique) du 10/12/2020
« Évolution des modalités d’instruction de l’allocation exceptionnelle »

Prétexter que la crise sanitaire a mis en exergue la nécessité d’accompagner toute demande d’allocation exceptionnelle d’une évaluation de la situation et de confier l’instruction des demandes aux services sociaux (6ème paragraphe de la demande d’avis) démontre le peu de considération porté par la sous-direction des interventions sociales (SDIS) aux agents des services solidarité qui instruisent depuis tant d’années l’allocation exceptionnelle mais aussi en parallèle les aides délivrées par le Fonds de solidarité logement (FSL), les repas aux parisiens en difficulté, Paris logement, les obligations alimentaires...

Ce genre de décision brutale et inadaptée ne va pas redorer le blason d’une sous-direction globalement haïe par tous les agents des services instructeurs (et la CGT pèse ses mots).

Le fait de solliciter une allocation exceptionnelle était jusqu’à maintenant un droit de l’usager, ce droit serait maintenant soumis à condition : un accompagnement social obligé !

Des parisiens ont perdu leur emploi ou une partie de leur salaire, ces salariés ont besoin d’argent pour les aider à payer leurs factures. Ils ont besoin d’un revenu minimum d’existence. Ils ne sont pas demandeurs de suivis sociaux. Certains ne veulent pas rencontrer de travailleurs sociaux.

Comment les services sociaux pourraient-ils de toute manière prendre le relai, alors même qu’il y a 266 postes de travailleurs sociaux vacants + 22 postes de SMS ?

Les SSP sont déjà embolisés, notamment, par leurs missions sur l’aide sociale à l’enfance (ASE) et sur le suivi des personnes âgées.

Les 2 missions sociales sur les résidences autonomie et résidences appartements mises en place par la sous-direction des services aux personnes âgées (SDSPA) n’ont pas été corrélées par des moyens humains à la hauteur des besoins.

Le CASVP va-t-il recruter de très nombreux TS sur les SSP ?

Il faudrait déjà qu’il comble les postes vacants.

Pourquoi éradiquer les services solidarité alors même que la pauvreté s’accroît considérablement à Paris ?

Dans la demande d’avis présentée au CT de ce jour, pas une seule fois l’entité « service solidarité » n’est évoquée comme si ces services n’existaient pas.

La SDIS est une girouette

Elle change constamment d’avis si bien que les agents en perdent le nord, tant les restructurations, réorganisations, mutualisations sont incessantes, hasardeuses, non homogènes, floues, incohérentes et ce depuis plus de 10 ans, sans jamais aucun bilan ?

Prompte à donner des objectifs aux agents, la SDIS en matière de conditions de travail ne s’en donne aucun. En quelques années, elle les a ravagées.

Aujourd’hui, alors que nous entrons dans un contexte de crise sociale sans précédent, amené à perdurer, est-ce le moment de renverser à nouveau la table ?

Après avoir œuvré pour une logique de pôles, puis de polyvalence, puis de guichet, maintenant, la SDIS nous fait savoir qu'il faut s'orienter vers une logique « d’aller vers », « d’accès aux droits », mais avec quels moyens et avec quelle organisation ?

La SDIS ne nous le dit pas et n’envoie aucun signal sur ce que sera l’aide facultative de demain et comment elle sera gérée dans les services.

Une fiche de mission est jointe à la demande d’avis de ce jour, nous ne savons pas qui est concerné, combien d’agents et à quelle fiche de poste elle va être rattachée…

Les agents des services solidarité et des services instructeurs en général n’ont pas attendu la SDIS pour « aller vers », pour faire comprendre sereinement à certains usagers qu’il serait peut être nécessaire de rencontrer un travailleur social.

Les agents des services solidarité n’ont pas attendu la SDIS pour inciter et aider les usagers à ouvrir les droits auxquels ils peuvent prétendre.

Prétendre le contraire, c’est mal les connaître, mal considérer le travail qu’ils font et leur capacité de réactivité et d’investissement.

Il va sans dire que les agents sont déstabilisés. Ils subissent ces nouvelles mesures comme une déconsidération, comme une obligation et non comme une concertation.

Ils y voient la casse de leur métier qu’ils ont choisi par conviction, pour « aller vers » justement.

Vous pouvez constater qu’il y a très peu de rotation de personnel dans les services solidarité, ça devrait vous interpeller quand dans tant d’autres c’est « sauve qui peut » parce que les agents ne veulent pas y laisser leur peau !

La place des bénévoles dans ce mic mac

Nous faire croire que la fabrique de la solidarité avec l’injection de bénévoles sur des missions de service public va résoudre les problèmes des usagers est une vaste blague.

Le « recrutement » de bénévoles nous alerte. Ils pourraient nous remplacer à moyen terme et à moindre frais. C’est une crainte fondée et l’introduction du travail gratuit au moment où tant de jeunes cherchent un emploi est pour le moins inopportune pour rester poli.

Recruter des bénévoles, flexibles, adaptables et disponibles ou embaucher des salariés avec un professionnalisme affirmé ?

Pour la CGT, l’appel au bénévolat pour des missions qui relèvent du service public instaure une zone grise entre salariés et bénévoles induisant un vide juridique, une remise en cause du droit du travail et des acquis sociaux.

Nous refusons que notre travail et des missions de service public soient confisqués par des bénévoles.

➽ Quelle place auront ces bénévoles ?
➽ Combien seront-ils ?
➽ Comment garantir le secret professionnel ?

Sur « l’accès aux droits »

Aucune définition précise de ce «nouveau» métier, ni de sa professionnalisation, ni de la formation qu’il nécessite, ni de la valorisation de l’expérience des agents, ni des modalités de sa mise en œuvre ne sont esquissés.

Cette manière de procéder ne permet pas aux agents d’anticiper sereinement la probable transformation de leurs fonctions.

Quant aux crédits de formation en baisse constante au CASVP, la plupart sont absorbés par des formations au management ou dédiés à une démarche qualité destructrice pour les agents parce que basée essentiellement sur le chiffre. Ça nous interpelle. Cela associé à un logiciel de formation (FMCR) totalement inadapté, véritable frein à la formation des catégories C, ça fait beaucoup à encaisser.

Pour conclure

Les agents des services solidarité sont dégoûtés, vous leur enlevez l’instruction de l’allocation exceptionnelle, au prétexte qu’ils ne sont pas capables de juger de la pertinence d’orienter un usager « fragile » vers le service social.

Ils sont très inquiets sur leur avenir professionnel au constat des nouvelles tâches confiées dans certains arrondissements qui les cantonnent à boucher les trous et à répondre au téléphone.

Vous souhaitez enlever les allocations exceptionnelles aux agents des services solidarité, faites-le, mais totalement !

C’est trop facile comme c’est prévu dans le 20ème de leur faire instruire les 1ères demandes et ensuite une fois le dossier constitué, la situation déblayée de la passer au service social…

Vous voulez développer « l’accès aux droits et l’inclusion numérique », faites-le, mais de manière claire, avec une fiche de poste, une vraie formation, des moyens, une valorisation financière, pas avec un ratio d’avancement de grade de 30 % de C2 à C3 pour les adjoints administratifs comme vous l’avez validé au comité technique du 30 novembre 2020.

Il faut que tout cela soit construit intelligemment avec les agents et pas dans l’incertitude, le tâtonnement et la pseudo concertation habituelle à laquelle la SDIS nous a habitué.

Les agents des services instructeurs se prennent la crise sociale en pleine figure, vous comprendrez qu’ils ont besoin de stabilité pour y faire face le mieux possible dans leur intérêt et celui des parisiens.

Et puis demander un avis aux représentants du personnel alors que dans la plupart des arrondissements, les aides exceptionnelles ne relèvent plus des services solidarité, vous qualifiez ça comment ?