★ Pour un désarmement nucléaire international, la CGT et le Mouvement de la Paix participent à la journée internationale de la Paix le 21 septembre et à la journée de l’ONU pour l’élimination totale des armes nucléaires le 26 septembre 2022

Journée internationale de la Paix


Alors que l’on s’apprête à commémorer les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, qui ont eu lieu les 6 et 9 août 1945, la question de l’armement nucléaire est plus que jamais d’actualité. 

La guerre en Ukraine porte, en filigrane, la menace constante, agitée par la Russie, de l’utilisation de l’arme nucléaire.

Depuis les années 2010, une coalition d’ONG, la Campagne pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) travaille en collaboration avec l’ONU à rendre les armes nucléaires hors la loi.




L’objectif est d’aller plus loin que le traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) signé en 1968 et qui définit les droits, les obligations et les modalités de garantie et de contrôle des pays possédant l’arme nucléaire et de ceux ne la possédant pas.

Le 24 octobre 2020, un 50e pays, le Honduras, a signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Un nombre de pays signataires qui n’est pas anodin : il permet l’entrée en vigueur, le 22 janvier 2021, de ce traité international des Nations Unies qui incite les pays signataires à ne plus posséder d’armes nucléaires, et à ne plus faire de recherche et développement.

Plus d’un an après, d’autres pays l’ont ratifié : « Plus il y a de pays signataires, plus le traité va s’imposer » analyse Eric Vallade, animateur du collectif Paix et désarmement de la CGT. « Ce traité est un outil pour porter la question du désarmement, la poser de manière internationale »

La CGT, seul syndicat à avoir en son sein un collectif Paix et désarmement, fait en effet partie du groupe des organisations qui appellent à signer ce traité.

Le syndicat milite pour le désarmement total avec l’idée que l’arme nucléaire n’est pas dissuasive : moins les pays sont nucléarisés, plus le risque de conflits majeurs diminue.

Dans ce combat, il associe les salariés de l’industrie de l’armement, afin de réfléchir aux stratégies de reconversion et de diversification, afin que le désarmement n’entraine pas de suppression d’emplois.

En outre, l’arme nucléaire coute cher - 5 milliards d’euros en France, qui pourraient être utilisés autrement.

Dans le cadre de cette réflexion, la CGT et le Mouvement de la Paix participent à la journée internationale de la Paix le 21 septembre et à la journée de l’ONU pour l’élimination totale des armes nucléaires le 26 septembre.

Ensemble, ils ont décidé d’organiser conjointement un colloque sur le thème « une économie pour la Paix » qui aura lieu le 5 octobre dans les locaux de la confédération CGT.

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Jean-Paul Sartre  (1er octobre 1945)

"Chaque matin nous serons à la veille de la fin des temps"

"Cette petite bombe qui peut tuer cent mille hommes d'un coup et qui, demain, en tuera deux millions, elle nous met tout à coup en face de nos responsabilités. À la prochaine, la Terre peut sauter, cette fin absurde laisserait en suspens pour toujours les problèmes qui font depuis dix mille ans nos soucis. Personne ne saurait jamais si l'homme eût pu surmonter les haines de race, s'il eût trouvé une solution aux luttes de classe. Lorsqu'on y pense, tout semble vain.

Pourtant, il fallait bien qu'un jour l'humanité fût mise en possession de sa mort. Jusqu'ici, elle poursuivait une vie qui lui venait on ne sait d'où et n'avait même pas le pouvoir de refuser son propre suicide faute de disposer des moyens qui lui eussent permis de l'accomplir. Les guerres creusaient de petits trous en entonnoirs, vite comblés, dans cette masse compacte de vivants. Chaque homme était à l'abri dans la foule, protégé contre le néant antédiluvien par les générations de ses pères, contre le néant futur par celles de ces neveux, toujours au milieu du temps, jamais aux extrémités.

Nous voilà pourtant ramenés à l'An Mil, chaque matin nous serons à la veille de la fin des temps ; à la veille du jour où notre honnêteté, notre courage, notre bonne volonté n'auront plus de sens pour personne, s'abîmeront de pair avec la méchanceté, la mauvaise volonté, la peur dans une indistinction radicale. Après la mort de Dieu, voici qu'on annonce la mort de l'homme. Désormais, ma liberté est plus pure. Cet acte que je fais aujourd'hui, ni Dieu ni homme n'en seront les témoins perpétuels. Il faut que je sois, en ce jour même et dans l'éternité, mon propre témoin. Moral parce que je veux l'être, sur cette terre minée. Et l'humanité tout entière, si elle continue de vivre, ce ne sera pas simplement parce qu'elle est née, mais parce qu'elle aura décidé de prolonger sa vie.

Il n'y a plus d'espèce humaine. La communauté qui s'est faite gardienne de la bombe atomique est au-dessus du règne naturel car elle est responsable de sa vie et de sa mort : il faudra qu'à chaque jour, à chaque minute, elle consente à vivre. Voilà ce que nous éprouvons aujourd'hui dans l'angoisse. Mais non, direz-vous : nous sommes tout simplement à la merci d'un fou. Cela n'est pas vrai : la bombe atomi­que n'est pas à la disposition du premier aliéné venu ; il faudrait que ce fou fût un Hitler, et, de ce nouveau Führer, comme du premier, nous serions tous responsables. Ainsi, au moment où finit cette guerre, la boucle est bouclée, en cha­cun de nous l'humanité découvre sa mort possible, assume sa vie et sa mort."

Jean-Paul Sartre, 
Gallimard, 1976, p. 68-69. 
Texte initialement paru dans la revue Les Temps Modernes le 1er octobre 1945.