Madame la présidente, chères et chers collègues,
Nous avons appris ce week-end le décès de notre collègue Henri-Paul Salmeron, chef cuisinier du pôle Rosa Luxemburg. C’est avec une profonde tristesse que nous rendons hommage à un gestionnaire hors pair, dont le dévouement et la passion ont marqué avec constance plus de 40 ans d’engagement. Au long de sa carrière, il a su allier rigueur professionnelle et humanité, devenant une figure emblématique de la restauration au sein des CHRS. Il était bien plus qu’un responsable. Il était un repère, un lien précieux entre les services et les équipes, au-delà des fourneaux.
Pour toutes et tous, il était simplement “Paulo”, un collègue, un ami, un mentor dont la générosité et la bienveillance étaient au cœur de chaque action. Les collègues, profondément attachés à sa personnalité, garderont le souvenir d’un homme à l’écoute, toujours prompt à transmettre son savoir et à tendre la main pour aider ses équipiers.
Son engagement a permis de renforcer les liens entre les équipes, instaurant un esprit de solidarité et d’excellence qui continuera d’inspirer chacun d’entre nous. Plus qu’un cuisinier, il était le reflet authentique de ce qui nous unissait autour du service et du partage.
Aujourd’hui, nous pleurons la perte d’un pilier de notre communauté professionnelle, nous célébrons aussi l’héritage qu’il nous laisse. Son investissement sans faille, son attachement aux autres et son immense humanité marqueront à jamais nos mémoires.
Adieu, cher Paulo. Ton empreinte demeure à travers chaque sourire partagé, chaque geste de solidarité qui anima nos collectifs de travail. Tu as marqué nos vies en tant que cuisinier, en tant qu’homme et en tant que chef, et ton souvenir continuera de nous guider.
Nous apprenions également il n’y a pas deux mois le décès de notre collègue et camarade Lionel Giraud, à l'âge de 62 ans. Nos cœurs débordent encore d’émotion à l’heure de lui rendre un juste hommage au nom des agents de l’action sociale parisienne.
Au premier abord, Lionel paraissait un grand gaillard timide, taiseux même, mais celles et ceux qui avaient brisé la glace s’attachaient rapidement à un camarade entier, très sincèrement généreux et attentif aux autres, et profondément déterminé dans la traduction de ses convictions.
Lionel était connu pour sa gentillesse et sa disponibilité, il a toujours fait face à l’injustice en toutes circonstances et parfois il a payé son engagement sans concessions. La CGT et ses camarades ont toujours pu compter sur lui, aujourd’hui, il nous manque terriblement.
Le point commun entre ces deux collègues, c’est qu’ils sont partis à quelques mois de la retraite…
La CGT propose à la présidence de faire observer une minute de silence …
« Bonne année !? »
La CGT profite de la temporalité de cette instance reportée, pour exprimer solennellement ses meilleurs vœux aux membres de l’instance ici réunie comme à l’ensemble des agents du centre d’action social, que nous sommes chargé·es de représenter.
Peut-être avez-vous remarqué qu’au plus près du terrain, année après année, les collègues sont de moins en moins ambitieux dans la formulation des vœux. On a même parfois du mal à oser se dire bonne année tellement on y croit plus, tellement les perspectives d’amélioration de nos environnements professionnels sont bouchées, tellement nos revendications les plus légitimes se heurtent à l’inertie et à l’impuissance de l’administration.
« Et surtout la santé ! »
On se risque néanmoins à renchérir avec sincérité : « et surtout la santé ! » … à condition de ne pas être en situation de souffrance au CASVP alors ! Car au centre d’action sociale, la prévention comme la prise en charge des pénibilités sont bien insuffisantes, voire inexistantes s’agissant des pénibilités mentales.
La CGT tire le signal d’alarme car des indicateurs significatifs clignotent au rouge! Des collègues attendent depuis des mois leur convocation près la médecine préventive, malgré leurs demandes et les relances syndicales… et quand enfin il en résulte des préconisations, elles ne sont pas appliquées ou alors dans des délais inacceptables.
Car pendant ce temps c’est le statut quo sur la qualité de l’air malgré l’insistance de la MISST (Mission Inspection Santé et Sécurité Travail), car les moyens déployés sont sans commune mesure avec la tâche à réaliser. Quant à la connaissance patrimoniale au chapitre de l’amiante, c’est un retard de 4 ans sur l’échéance réglementaire du 1er février 2021 définie par le décret n° 2011-629 du 3 juin 2011 (modifiant l’article R1334-29-5 du code de la santé publique) … est-ce dans ces conditions que vous comptez envoyer nos collègues ouvriers du SPT effectuer des travaux dits « de sous-sections 4 » en présence d’amiante ?
Quand après avoir emménagé dans les locaux tellement neufs qu’ils ne sont pas encore achevés, douze puis quinze collègues se plaignent de troubles concordants de leur état de santé au moyen du registre SST, il faut que la CGT se saisisse du Droit d’Alerte pour que l’administration centrale se penche sur le sujet … pour aussitôt déclarer qu’il n’y a pas de danger grave et imminent sans le moindre avis médical ni le premier résultat d’analyse de la qualité de l’air.
Ces résultats nous ont été communiqués le 29 janvier, quatre mois et 3 jours après notre alerte, et stipulent la présence d’acétone et de 2-ethyl-1-hexanol qui sont probablement à relier au caractère récent des travaux réalisés dans le bâtiment sans autre forme de conclusion. La CGT a quelques réflexes, comme celui de consulter les fiches toxicologiques publiées par l’INRS, laquelle stipule pour l’acétone que Les symptômes sont essentiellement locaux (…), neurologiques (céphalées, asthénie, vertige, coma dans certains cas convulsif) et digestifs (nausée, vomissement), soit une reproduction assez fidèle du tableau clinique décrit par nos collègues dans leurs signalements.
La direction du CASVP doit impérativement s’interdire de délibérer en matière médicale, laisser l’exclusivité des sujets de médecine aux médecins, adopter une démarche de prévention systématique et appliquer le principe de précaution.
« Sans oublier les conditions de travail …»
Déjà en 2007, le sociologue Michel Gollac soulignait dans l’ouvrage "Les Conditions de travail", qu'il y avait « un problème de définition de ce qu'on entend[ait] par pénibilité » et que « Les seuls critères objectifs reste[ai]nt l'espérance de vie du travailleur d’une part, et d’autre part son espérance de vie en bonne santé. ».
Le premier est difficile à mesurer avec nos outils, même si des décès réguliers de collègues « jeunes » ou pas encore retraités nous rappellent avec récurrence la réalité de notre condition. Quant au second, c’est le quotidien du syndicaliste d’y être confronté, vu qu’arriver à l’âge de la retraite en bonne santé relève de l’exploit au CASVP.
La CGT revendique l’application de mesures concrètes, sans délai quand les solutions existent, et qu’on se mette à chercher celles qui n’existent pas encore, à partir du travail réel, celui que raconte les travailleuses et les travailleurs quand on prend la peine de les écouter.
S’agissant de la santé mentale des agents du CASVP, cela passe par un diagnostic approfondi des risques psycho-sociaux, découlant sur un plan d’action que nous imaginons ambitieux, mais que nous souhaitons surtout concret et appliqué. Un haut responsable de la direction nous confessait le trimestre dernier au sujet du diagnostic RPS réalisé en 2017 … qu’il ou elle ne l’avait même pas lu.
Quand les cadres supérieurs se confessent à la CGT Madame la présidente, c’est bien que l’heure est grave. C’est aussi ce que semble indiquer la perte de sens au travail exprimée par nos collègues chargés de la prévention. Il vous revient de réaimanter les boussoles en renforçant les moyens dédiés à la sous-direction des ressources, en particulier du côté de celles et ceux qui font le lien avec le terrain et avec les représentants du personnel.
Le « schmilblick des boîtes mail » est une illustration de ce que le CASVP boit la tasse jusqu’à plus soif. Depuis cet été nous alertons sur les difficultés engendrées par la migration, mais tout allait bien « madame la marquise ». Maintenant ce sont les directeurs d’établissement, EHPAD au premier chef, qui s’époumonent pour faire savoir le nombre d’agent privés de cet outil, ainsi que nos collègues de la DSIN (Direction des Systèmes d'Information et du Numérique), anciens du CASVP, qui nous contactent pour nous demander de vous en faire part.
« Et la qualité du dialogue social »
Pour conclure sur une note d’espoir et tenir compte des efforts herculéens consentis par nos collègues du BDST (bureau du dialogue social) et du SPQVT (service de la prévention et de la qualité de vie au travail), vos fantassins en première ligne du dialogue social, nous souhaitons que l’année 2025 soit celle ou le redressement des exercices précédents se traduirait par des résultats mesurables, et nous proposons des pistes d’amélioration.
Nous demandons une meilleure visibilité sur les travaux de l’agenda social, en amont pour mieux préparer nos propositions, et en aval par la restitution de nos échanges sur des comptes-rendus systématiques, la traçabilité des réponses à apporter et le suivi des engagements pris en instance.
Nous demandons enfin, comme la MISST (Mission Inspection Santé et Sécurité Travail) le suggère dans ses rapports faisant suite à nos alertes de l’automne dernier, la définition diligente d’une procédure alternative de saisine pour les situations de risque ou de danger préoccupantes ne relevant pas du danger grave et imminent, ainsi que l’institution d’une commission SSCT (Santé, Sécurité et Conditions de Travail) permanente intitulé Bâtiment, Travaux & Prévention.