★ Déclaration de la CGT au CHSCT du Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris du 5 novembre 2018

Madame la directrice générale, mesdames messieurs,

En préambule

Le chef du service du BPRP (Bureau de Prévention des Risques Professionnels) est parti et n’est pas remplacé. Le poste serait supprimé ? C’est ce qui se dit. La CGT constate que la fiche de poste pour son remplacement n’est pas publiée…



Sur la réunion de ce jour

Le CHSCT a toujours un train de retard au Centre d’Action Sociale.

Des questions qui auraient dû être à l’ordre du jour depuis plusieurs mois sont maintenant inscrites et nous obligent à un constat plutôt qu’à de la prévention, obligeant à rattraper les erreurs plutôt que de les avoir évitées…

Pour exemple, nous prendrons le rapport de la MISST (Mission Inspection Santé Sécurité au Travail), sur la PSA Belleville présenté ce jour au CHSCT.

Les constats de l’inspection ont été faits par la CGT bien en amont, sans une réelle prise en compte par la sous-direction et la direction générale, notamment en matière d’organisation et de direction de la PSA.

La CGT est intervenue à ce sujet à maintes reprises auprès de la direction générale, notamment le 2 mars 2017 et au CHSCT du 2 juin 2017.

Les problèmes de ventilation des espaces d’accueil et d’insécurité pour les agents ont été pointés par la CGT plusieurs fois.

Que comptez-vous faire ? Maintenant, pas dans 1 an.

La question se pose immédiatement à la 13ème section suite à l’accident du mois de juillet. Elle s’est posée au magasin de l’Ehpad Cousin de Méricourt où la aussi il y a eu négligence de la direction malgré les signalements répétés de la CGT avec des conséquences sérieuses sur la santé d’un agent.

Où en sommes-nous précisément ?

La CGT demande un plan d’action et un recensement général sur l’ensemble du CASVP par le CHSCT :
  • des espaces confinés non ou mal ventilés.
  • des espaces d’accueil du public (accueil général, box d’accueil…) là où il n’existe pas de dégagement pour les agents en cas d’agression et des propositions d’aménagement.
Les pires agressions pourraient ainsi être évitées.

Un point sur les punaises de lit

Nous constatons une explosion du nombre de Parisiens infectés par les punaises de lit, ce phénomène dépasse très largement le cadre du Centre d’Action Sociale, nous en sommes conscients.

Dès le 9 décembre 2013, en audience, la CGT a interpellé la responsable du SAAD sur
  • L’intervention dans des logements très dégradés
  • La mise en place d’un protocole pour les logements infectés par les punaises avec la possibilité d’un droit de retrait des agents intervenants.
  • La CGT a été un des seuls syndicats a participer à toutes les commissions CHSCT pour l’aide à la mise en place d’un plan sur l’éradication des punaises de lit.
  • La CGT a été la première organisation à soutenir les agents qui ont été victimes des punaises dans le cadre de leur travail en faisant reconnaître l’accident de travail et en exigeant leur dédommagement. Sur les dossiers que nous avons suivi nous avons été entendus.
  • Le problème, c'est que l'agent doit avancer l'argent et se faire rembourser après...
Ce que nous avons toujours demandé et nous le réitérons :
  • Dès qu’il y a suspicion de punaises, les agents doivent être informés afin qu’il prennent les précautions nécessaires ;
  • Fermer un bureau en indiquant qu’il est en travaux pour dissimuler la présence de punaises, c’est la très mauvaise solution ;
  • La CGT a demandé que des moyens de détections simples (qui sont peu coûteux) soient mis à disposition des services afin de détecter la présence effective des punaises dès qu’il y a une suspicion. Nous constatons qu’à ce jour, ces moyens ne sont pas déployés ;
  • La procédure de lutte contre les punaises doit être largement diffusée ;
  • La désinfection doit être engagée dès la présence avérée.
Sur l’introduction de PEPS sensée "placer l’user au cœur de l'accessibilité numérique", nous craignons l’effet contraire, c’est à dire que la dématérialisation creuse un peu plus le fossé numérique entre ceux qui utilisent l’outil informatique et ceux qui ne l’utilisent pas.

La récente déclaration du défenseur des droits met en garde.

Je cite : « Si en 2022, on oblige les gens à accéder aux services publics par le numérique, il y aura de 20 à 25 % de personnes en difficulté ».

C’est bien évidemment le côté humain qui va disparaître avec le risque de laisser les plus démunis de côté, parce qu’internet à un coût pour les personnes (abonnement, acquisition d’un ordinateur...).

Rappelons le récent sondage CSA :

  • 32 % des Français ont renoncé à faire une démarche parce qu’il fallait utiliser internet.
  • 21 % des personnes âgées de + de 60 ans n’ont pas internet à leur domicile.
  • 70 % des Français n’ayant pas internet à leur domicile ne se connectent pas ailleurs.
  • 16 % des Français utilisent internet moins d’une fois par semaine...

Nous constatons en parallèle une progression de l’illettrisme en France, la CGT est en première ligne dans la lutte contre ce fléau et nous pensons que c’est une cause à prioriser bien avant le tout numérique, sur l’ensemble du territoire mais aussi au sein du personnel du Centre d’Action Sociale.

Nous attendons toujours un plan d’action de la direction à ce sujet dans nos services.

Pour la CGT, le tout-numérique n’est pas la solution miracle

Au-delà de la massification de la collecte des données et de leur utilisation, le gouvernement et la mairie de Paris portent le numérique comme la solution à quasi tous les problèmes, ouvrant un avenir radieux pour des agents épanouis dans une nouvelle relation au travail et des usagers tellement contents.

Les Big datas ou mégadonnées (Google, Apple, Facebook, Tweeter, Amazon…), engrangent toutes les informations personnelles que nous envoyons (courriels, SMS, achats en ligne, localisation GPS, consultations internet…).

Elles entraînent un contrôle numérique de nos vies, un espionnage autorisé.

Au croisement de notre vie personnelle et de notre vie professionnelle, Orange, Yahoo, Cisco, Intel ou encore IBM engrangent eux aussi des mégadonnées.

La dématérialisation et la numérisation de nos activités professionnelles vont engraisser chaque jour un peu plus ces big datas pour mieux nous contrôler, poser des normes de travail toujours plus standardisées, nous asservir en générant la surveillance et le contrôle, le tout avec votre bénédiction Mme Pouyol puisque vous en avez fait l’apologie lors d’un séminaire des cadres en novembre 2016.

Watson va t-il entrer au CASVP ?

Watson est un programme informatique d'intelligence artificielle conçu par IBM.

« IBM Watson est un système cognitif capable de comprendre les données, d’en tirer des enseignements et de les utiliser pour raisonner. »

Au séminaire des cadres de décembre 2016, la direction du CASVP invite Pierre Lhoste directeur de la division analytics d’IBM à faire la promo de Watson aux cadres du CASVP.

Il faut savoir que Pierre Lhoste a participé aux travaux de l’Institut Montaigne sur la réforme de l’Administration. ll est membre de la Commission Réduction de la Dépense Publique du MEDEF auprès d’Anne-Marie Couderc et Michel Pébereau en charge du rapport de la Commission...

Nous ne sommes donc pas dupes, le principal intérêt du numérique, c’est de diminuer encore et toujours les dépenses de fonctionnement. Le numérique doit ainsi impacter la gestion prévisionnelle des emplois, c’est-à-dire supprimer des postes.

Nous sommes proches du numérique qui pourrait remplacer l’humain pour l’accueil de premier niveau grâce à des « robots physiques » (chatbot), pour étendre les plages horaires .

En fait, il s’agit bien de réduire au maximum l’offre de services publics existante et de confier au privé nombre de missions.

Alors, quand Mme la directrice générale vous soutenez Watson, vous confortez l’ubérisation en marche qui est un mode de captation de la valeur par les plateformes :

  • La plus grande entreprise de taxis au monde ne possède pas de taxis (Uber)
  • La plus grande entreprise fournissant des logements n’en a aucun (AirBnb)
  • Le plus grand opérateur au monde n’a aucune infrastructure télécoms (Skype)
  • Le plus grand commerce en ligne ne dispose d’aucun stock (Alibaba)
  • Le media le plus populaire ne crée aucun contenu (Facebook)
  • La banque qui connaît la plus forte croissance ne possède aucun dépôt (SocietyOne)
  • La plus grande salle de cinéma du monde ne détient aucune salle (Netflix) etc, etc...

Si nous continuons, bientôt l’administration n’aura plus d’employés, plus de locaux et sera livrée aux plateformes du privé.

Et il ne suffit pas de crier au loup avec la montée des populismes et de l’extrême droite partout, parce que quand nous aurons atteint les 10 millions de chômeurs, torpillé la sécurité sociale et nos caisses de retraite, il sera bien trop tard ...

Des informations fallacieuses ou « fake news » dans votre langage

Nous entendons monsieur le sous-directeur de la Solidarité et de la Lutte contre l'Exclusion nous rabâcher qu’il n’y a pas de projet de réorganisation des PSA et nous apprenons dans le rapport de la MISST qu’une réorganisation des PSA est prévue…

« Pour la conduite du changement » dans les PSA, vous envisagez de confier « l’accompagnement » à un prestataire.

Quel changement, quel accompagnement ?

Une nouvelle fois le personnel est stigmatisé sur ses pratiques.

La direction se déresponsabilise et se défausse un nouvelle fois sur un prestataire extérieur.

Pour quels résultats, quelles orientations ? Quel impact sur la santé des agents ?

Nombre de postes d’agents partis en retraite ou en mobilité ne sont pas remplacés. La direction nous dit ne pas supprimer ni geler des postes, nous constatons le contraire.

La CGT se base sur le vécu des agents.

Il n’est plus possible de supprimer des postes au Centre d’Action Sociale.

Écoutez-nous bien : cela va mal.

  • Les agents développent des maladies liées au stress.
  • Des situations de burn out liées à un mauvais management existent.
  • Des agents « pètent les plombs », surchargés de travail ou mal employés.
  • Des services fonctionnent sans chef.
  • D’autres fonctionnent sans secrétariat.
  • D’autres encore fonctionnent sans le matériel nécessaire.

L’outil informatique est considéré par l’ensemble des agents comme déficient.

L’immense majorité des agents est renvoyée à des objectifs de rentabilité, et à l’impossibilité d’un travail collectif.

Les tensions augmentent entre collègues.

La pression est mal gérée par les encadrants et rejaillit sur des services entiers. L’encadrement n’est pas mis en situation de tenir son rôle et pris de panique se met à utiliser de plus en plus régulièrement l’autoritarisme.

La souffrance augmente…

Le plus fragile est montré du doigt. Voilà l’ambiance qui règne dans les services.