Par Caroline Pailliez, Reuters
“On ne change pas les règles du jeu en cours”. En colère, Patrick Martine, gardien dans une résidence pour personnes âgées à Paris, réalise qu’il ne pourra toucher sa retraite à taux plein qu’à 63 ans et quatre mois, au lieu de 62 ans, si le projet de réforme du gouvernement est voté en l’état.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, qui fait du retour à l’équilibre du système des retraites une condition indispensable à la mise en place du régime universel, a annoncé mercredi qu’il souhaitait fixer progressivement un “âge d’équilibre” à 64 ans.
Les partenaires sociaux doivent fixer les modalités pour y parvenir, mais s’ils ne s’entendent pas, le gouvernement fixera, à compter du 1er janvier 2022, un âge pivot à 62 et quatre mois, qui augmentera ensuite de quatre mois par an pour atteindre 64 ans en 2027.
Si les actifs partent plus tôt à la retraite, ils se verront appliquer une décote de 5% par an et s’ils prolongent leur activité, ils bénéficieront d’une surcote de 5% par an.
Patrick Martine, qui souhaitait partir en 2025, à 62 ans, devra donc travailler 16 mois supplémentaires pour toucher sa retraite à taux plein, soit 1.208 euros par mois.
Ce père de famille de 57 ans, qui voyait sa retraite comme une “délivrance”, a vécu cette annonce comme une trahison.
“On est fatigué”, dit-il à Reuters, installé dans le local de la CGT Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, où il travaille de temps en temps comme délégué du personnel.
Après une première carrière d’une vingtaine d’années dans le privé, où il a alterné les emplois de sécurité dans les discothèques et d’accompagnement de personnalités, il a pris “la première chose qui est tombée sous la main” pour intégrer la fonction publique, un poste stable avec une retraite basée sur ses six derniers mois de salaire.
Il a rapidement déchanté. Avec ses 7h45 par jour de travail réglementaire et ses temps d’astreinte de 14h15, il était à la disposition de l’administration 22h sur 24h, à devoir intervenir au moindre appel des résidents, nuit et jour, explique-t-il.
“Les personnes âgées, quand elles arrivent, elles ont 65 ans donc elles vont très bien. Mais arrivées à 80, 90 ans, elles ne sont plus vraiment autonomes”, dit-il.
Comme un détenu
Son quotidien s’est légèrement amélioré en mai dernier quand son employeur, la Ville de Paris, lui a fourni un smartphone, lui permettant de s’éloigner de chez lui pendant ses heures d’astreinte. Mais pendant des années, il était assigné à résidence.
“On avait les mêmes conditions de vie et d’enfermement qu’un détenu qui portait un bracelet électronique”, témoigne celui qui n’a jamais pu récupérer ses enfants de l’école, et devait planifier la moindre sortie pour se faire remplacer.
Il attendait avec impatience sa retraite pour “prendre l’air”, “profiter de la vie”.
Ce militant de la CGT était donc l’un des premiers dans la rue pour dénoncer le projet d’Emmanuel Macron. “On va se battre, on ne lâchera pas le combat, jusqu’au retrait”, dit-il.
Avec cette menace d’âge-pivot, le gouvernement a poussé la CFDT, qui en avait fait une ligne rouge, a joindre les rangs des manifestants mardi, se privant d’un appui de taille.
“C’est profondément injuste de demander à ceux qui sont nés en 1960 et qui doivent partir à la retraite en 2022 de travailler plus longtemps”, a déclaré le leader du syndicat réformiste, Laurent Berger, au Journal du Dimanche.
Face à la réaction syndicale, le Premier ministre s’est dit ouvert jeudi à la discussion et a convié les organisations syndicales à de nouvelles réunions mercredi et jeudi.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT a averti pour sa part que son syndicat resterait mobilisé contre le projet de loi, même si le volet sur l’âge pivot était retiré.
Le mouvement de grève contre la réforme des retraites s’annonce très suivi mardi, treizième jour de mobilisation.
Caroline Pailliez, Reuters 16 décembre 2019
Son quotidien s’est légèrement amélioré en mai dernier quand son employeur, la Ville de Paris, lui a fourni un smartphone, lui permettant de s’éloigner de chez lui pendant ses heures d’astreinte. Mais pendant des années, il était assigné à résidence.
“On avait les mêmes conditions de vie et d’enfermement qu’un détenu qui portait un bracelet électronique”, témoigne celui qui n’a jamais pu récupérer ses enfants de l’école, et devait planifier la moindre sortie pour se faire remplacer.
Il attendait avec impatience sa retraite pour “prendre l’air”, “profiter de la vie”.
Ce militant de la CGT était donc l’un des premiers dans la rue pour dénoncer le projet d’Emmanuel Macron. “On va se battre, on ne lâchera pas le combat, jusqu’au retrait”, dit-il.
Avec cette menace d’âge-pivot, le gouvernement a poussé la CFDT, qui en avait fait une ligne rouge, a joindre les rangs des manifestants mardi, se privant d’un appui de taille.
“C’est profondément injuste de demander à ceux qui sont nés en 1960 et qui doivent partir à la retraite en 2022 de travailler plus longtemps”, a déclaré le leader du syndicat réformiste, Laurent Berger, au Journal du Dimanche.
Face à la réaction syndicale, le Premier ministre s’est dit ouvert jeudi à la discussion et a convié les organisations syndicales à de nouvelles réunions mercredi et jeudi.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT a averti pour sa part que son syndicat resterait mobilisé contre le projet de loi, même si le volet sur l’âge pivot était retiré.
Le mouvement de grève contre la réforme des retraites s’annonce très suivi mardi, treizième jour de mobilisation.
Caroline Pailliez, Reuters 16 décembre 2019