★ CASVP d'arrondissements - Les services instructeurs dans l'oeil du cyclone


« Les usagers de l’allocation exceptionnelle et ceux qui ne parviennent pas à aller au bout des démarches sont dans bien des cas, les plus précaires, les plus fragiles et/ou les plus isolés. Pour ce public, les aides facultatives du CASVP peuvent représenter le dernier filet de sécurité avant ce point de rupture où les personnes voient leur situation basculer, un dernier rempart contre la grande précarité.»                                                
Florence Pouyol directrice générale du CASVP en mai 2018

L’instruction de ces aides exceptionnelles par les services solidarité des CASVP d’arrondissement est en voie d’être transférée définitivement aux services sociaux polyvalents et aux associations. C’est déjà le cas dans certains CASVP d’arrondissements.

Une réorganisation imposée sans concertation, ni avec les personnels, ni avec leurs représentants.

Après avoir instruit pendant tant d’années l’allocation exceptionnelle, les agents instructeurs des services solidarité se voient enlever une mission dont le sens faisait l’intérêt de leur travail.
 
On vaut mieux que ça !

Les agents instructeurs (Solidarité, PRH, Familles…) sont les acteurs essentiels de l’accès aux prestations pour les plus démunis, mais aussi le rempart à la perte d’autonomie des usagers due à une dématérialisation accélératrice d’exclusion des plus fragiles, ils sont très inquiets sur leur avenir professionnel au constat des nouvelles tâches confiées dans certains arrondissements.

L’accès au droit

L’occasion faisant le larron, la direction du CASVP en profite pour soi-disant recentrer les missions des agents instructeurs sur l’accès aux droits.

Si nous sommes en accord sur le constat d’une domination numérique des personnes les plus fragiles qui les rend de plus en plus dépendantes d’un accompagnement, sur la manière d’y remédier nous demandons à voir.

Aucune définition précise de ce « nouveau » métier, ni de sa professionnalisation, ni de la formation qu’il nécessite, ni de la valorisation de l’expérience des agents, ni des modalités de sa mise en œuvre ne sont esquissés.

Cette manière de procéder ne permet pas aux agents d’anticiper sereinement la probable transformation de leurs fonctions.

Quant aux crédits de formation en baisse constante au CASVP, la plupart sont absorbés par des formations au management ou dédiés à la démarche qualité. Ça nous interpelle. Cela associé à un logiciel de formation avarié (FMCR), véritable frein à la formation des catégories C, ça fait beaucoup.

Les services instructeurs (Solidarité, PRH, Familles…) doivent être professionnalisés. 

L’instruction à venir de prestations simplifiées associées à un accès aux droits va s’avérer compliquée, compte tenu de l’arsenal nécessaire à une orientation de qualité, concernant les administrations annexes qui n’assurent plus (CNAV, CAF, CPAM, MDPH…) et des enjeux, puisqu’une mauvaise information délivrée peut être lourde de conséquences.

Il va falloir nous donner des moyens et un cadrage. Ça ne peut pas être basé sur le chiffre mais sur la spécialisation du métier, le développement d’une écoute qualitative, humanisée et bienveillante des personnes reçues.

Tout cela nécessite des effectifs, l’adhésion des agents à la future organisation, la reconnaissance de leurs compétences et une valorisation.


Pour des conditions de travail préservées et un meilleur service public rendu aux usagers

Alors qu’une précarité galopante s’installe avec une augmentation importante de demandeurs du RSA (68 800 allocataires du RSA à Paris fin août 2020, soit une augmentation de 12,3 % par rapport à janvier 2020), il est évident que les travailleurs sociaux seuls ne pourront pas traiter la masse de demande d’allocations exceptionnelles qui s’annonce.

A moins que cette allocation « dernier rempart contre la grande précarité » selon Mme la directrice générale ne soit amenée à disparaître pour des contraintes budgétaires ou soit verrouillée d’une manière ou d’une autre.

Les bénévoles en embuscade

Les redéploiements, les changements de missions et les mobilités imposées vont avoir des conséquences sur notre travail.

Le « recrutement » massif de bénévoles nous alerte. Ils pourraient nous remplacer à moyen terme et à moindre frais. C’est une crainte fondée et l’introduction du travail gratuit au moment où tant de jeunes cherchent un emploi est de mauvais augure.

Recruter des bénévoles, flexibles, adaptables et disponibles ou embaucher des salariés avec un professionnalisme affirmé ?

Pour la CGT, l’appel au bénévolat pour des missions qui relèvent du service public instaure une zone grise entre salariés et bénévoles induisant un vide juridique, une remise en cause du droit du travail et des acquis sociaux.

C’est aussi l’ouverture d’une porte d’entrée aux associations dans notre administration.

Des postes ont déjà été supprimés dans les sections lors de réorganisations internes de services et lors de départs à la retraite…

Sur ce point, la direction se contente de déclarations trompeuses.

La CGT demande l’ouverture immédiate d’une négociation et des moyens

Avec des installations téléphoniques obsolètes, un réseau informatique lent et instable, des bases de données inexistantes dans un intranet ingérable où trouver une information pertinente relève de la recherche archéologique, la tâche des agents n’est pas facilitée.

Alors que la mairie de Paris met «un pognon de dingue» dans ces systèmes pour un résultat très décevant, nous attendons toujours un parcours de formation de tous les agents en contact avec le public pour l’accès aux droits.

A l’heure où une refonte des aides facultatives est envisagée par la mairie de Paris, aucun signal n’est envoyé par la SDIS (sous-direction des interventions sociales) sur ce que sera l’aide facultative de demain et comment elle sera gérée dans les services. 

Concernant « l’inclusion numérique » qui doit permettre de favoriser une appropriation accélérée du numérique pour tous et avant de la mettre en place en direction des usagers, le CASVP doit balayer devant sa porte et faire en sorte que chaque agent qui rencontre des difficultés sur ce point puisse bénéficier d’une formation pertinente suivie sur son temps de travail et ce quelque soit son cœur de métier.

Nous en sommes assez éloignés puisque de nombreuses formations de base (Windows, Word, Outlook…) sont refusées aux agents, notamment en Ehpad, en Saad et en restauration... 
 
Compte tenu de la crise sanitaire, qui limite considérablement la possibilité d’organiser des Assemblées Générales du personnel, la CGT vous demande de réagir sur toutes ces questions. 

➤ en utilisant l’alerte CGT (lien)
➤ par mail cgt-casvp.syndicat@paris.fr