★ De l’accès au droit : mille fois oui !!!... mais pas comme ça ! - « Brèves réflexions sur la réorganisation en cours dans les CASVP d'arrondissement »

Nous recevons à la CGT des appels et des écrits sur la réorganisation des CASVP d’arrondissement.
Nous encourageons les agents à les multiplier.

Aujourd’hui, nous publions « Brèves réflexions sur la réorganisation en cours »,
(témoignage co-signé par deux agents du service famille solidarité du CASVP 11).

 
De l’accès au droit : mille fois oui !!!... mais pas comme ça !

Brèves réflexions sur la réorganisation en cours

En ce moment, nous sommes conviés à participer à des réunions de réflexion sur la réorganisation, alors qu’un projet cible nous a déjà été présenté. Dans la crainte que notre participation à ces réunions s’avère une fois de plus un alibi, je voulais mettre par écrit et à plat des réflexions sur les pistes de réorganisation proposées.

La SDIS a donc décidé de réorganiser une partie des services du CASVP, entrainant de gros changements et des choix à faire pour les agents -choix pour les plus chanceux, imposé pour d’autres- à un moment où nous ne sommes pas en manque d’angoisses !

Soit ! La direction du CASVP s’est saisie d’un énorme problème. De nombreuses personnes n’arrivent pas /plus à accéder aux autres administrations et perdent ainsi leurs droits… C’est un vrai enjeu qui actuellement ne peut être comblé par le recours aux assistants des services sociaux.

Mais alors pourquoi profiter de cela pour détériorer le service rendu à l’usager concernant les prestations municipales ? Pourquoi prendre le même chemin que ces autres administrations, alors même que c’est ce chemin qui participe activement à ce que les usagers perdent leur droit ?!

Je m’explique : selon le schéma cible les prestations municipales, nombreuses et variées, seront traitées par des agents en back-office qui ne recevront plus le public.

Pour les premières demandes, les personnes seraient reçues par des agents d’accès au droit, les demandes seraient ensuite traitées par d’autres agents. Mais pour les renouvellements c’est-à-dire l’essentiel de nos aides aujourd’hui, les demandes seraient déposées à l’accueil, ou par voie postale ou mail…

C’est une vraie dégradation, du point de vue du service rendu au public. Certes une partie de nos usagers préfère envoyer leurs demandes par mail, par courrier ou les déposer à l’accueil. MAIS, par contre, pour les plus précaires, c’est-à-dire celles/ ceux qui majoritairement se déplacent dans nos services, qui ont le plus besoin de nos aides (et du coup de notre aide pour mener à bien leurs démarches !), être reçu physiquement par une personne compétente qui saura traiter son dossier, lui réclamer les bons documents, lui ouvrir toutes les aides auxquelles elles/ils peuvent prétendre, reste primordial.. Si cette réception devient la marge il est évident que nos propres usagers y perdront leurs droits.

Si certains services prestations fonctionnent déjà comme ça, y compris dans des arrondissements populaires, je pense que c’est très dommageable à notre public.

Du point de vue des agents
: Est-il normal que l’évolution de notre travail entraîne une baisse de salaire, sachant que les agents qui traiteront les dossiers en back office perdront la NBI ? Cela est inacceptable sachant que déjà nos salaires sont parmi les plus bas … (j’aimerai savoir quel cadre A s’est supprimé de lui-même une prime cette année !)

Par ailleurs et ce n’est pas moins important à mes yeux, c’est un appauvrissement de notre travail. Le contact avec le public, la satisfaction de faire le dossier d’un bout à l’autre dans un échange avec les usagers, le fait de ne pas être en permanence sur un écran… sont des points positifs qui nous font pour la plupart d’entre nous aimer notre travail. Ne faire que du back office aura un effet néfaste sur la motivation de la plupart des agents et sur la santé physique à ne plus bouger de sa chaise et de son écran….

Cela aura aussi un effet sur les compétences des agents de n’intervenir qu’à un bout de la chaine.

L’enquête réalisée sur les services prestations dont on nous a communiqué les conclusions (état des lieux des services instructeurs), si elle pouvait montrer que certains agents préfèrent avoir un temps hors public pour traiter les demandes, elle ne fait pas ressortir pour autant que les agents ne souhaitaient plus recevoir le public !

Sur l’accès au droit

Pour ce qui est de « l’accès aux droits », il me semble qu’au CASVP, aucun travailleur social n’est en contact à temps plein avec un public forcément « compliqué » puisque pas autonome.

De plus nous savons déjà par nos pratiques respectives que l’accès aux autres administrations n’est vraiment pas aisé. Ce sera donc forcément un travail difficile, avec des responsabilités accrues dans les conséquences de notre travail pour la vie des gens, une fatigue nerveuse bien augmentée, tout ça pour des salaires de catégorie C, là j’avoue les mots me manquent…

Toutes les discussions que j’ai eu avec mes collègues sur ce sujet donnaient à penser qu’on a tous l’impression que nous allons prendre une part du travail des travailleurs sociaux … Cela m’amène à une dernière remarque : pour le coup il y a vraiment un intérêt à ce que les agents soient volontaires pour le faire car dans le cas contraire ça voudrait dire que l’on se moque du résultat et que ce qui compte c’est d’avoir fait semblant de mettre en place de l’accès au droit !

Nathalie, service famille solidarité, depuis 1998
Frédérique, 33 ans de CASVP.