Le Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris (CASVP) a souhaité maintenir la distribution massive des chocolats aux personnes âgées, quoi qu'il en coûte en terme de risque sanitaire, à rebours des alertes incessantes quant à la santé de nos aînés, qu'il est recommandé de préserver des contacts superflus.
Depuis début septembre, le nombre de patients hospitalisés âgés de 65 ans et plus a été multiplié par huit. Le CASVP dont la grande majorité des usagers bénéficiaires se situe dans cette tranche d'âge, ne semble pas avoir conscience de la vulnérabilité de ses publics, ni de celle de ses agents et de leurs proches.
Après les drames des EHPAD du printemps dernier,
quelle leçon a été retenue ?
Alors que la frontière des activités essentielles a exclu les librairies du champ des commerces ayant l'autorisation d'accueillir leur clientèle, les mairies d'arrondissement entraînent le CASVP dans leur logique politique clientéliste. Il est en effet tenu pour acquis, que la majorité qui mettrait fin à la traditionnelle distribution de chocolats avant les fêtes perdrait les élections suivantes. Les personnes âgées sont les plus assidues aux bureaux de vote, et on ne saurait contrarier leur féroce appétit, même temporairement, et alors que les élections viennent d'avoir lieu.
Une raison pousse doute notre direction éclairée à agir de la sorte : les dates limites de consommation des friandises stockées dans les officines publiques approchent à grands pas. Et pour tout dire, les chocolats qu'ont pu inspecter nos collègues montrent déjà de sérieux signes de fatigue. Les agents veilleront en tout cas, comme ils l'ont fait les années précédentes, à ce que les denrées périmées ne soient pas écoulées auprès des grands exclus, au gré des lumières traversant les esprits de nos dirigeants locaux.
Malgré les grands moulinets du ministre de l'intérieur qui voudrait faire appliquer à la lettre un confinement, qui n'existe absolument pas dans le faits, la première collectivité du pays joue sa propre partition en invitant chacun des bénéficiaires de cette opération à se déplacer, "muni de son attestation", dans les sections ou les mairies d'arrondissement.
Fidèle à la malheureuse tendance néolibérale, les agents sont sommés de s'adapter ! A aucun moment la protection de la santé des agents et de leurs proches potentiellement vulnérables n'a été prise en compte dans cette décision et sa mise en œuvre.
Une fois de plus, la déconcentration des services municipaux s'est traduite par une gestion boutiquière et chaotique, sans cohérence dans l'approche vis-à-vis des agents mobilisés pour cette "grande cause", et trop souvent à la tête du client. Ainsi dans le 18e arrondissement, la direction locale aurait procédé à un appel à volontariat, tandis que dans le 19e, les agents se sont retrouvés inscrits d'office sur un planning, sans prise en compte de leurs appréhensions.
La CGT CASVP appelle à interrompre toutes les initiatives hasardeuses, à protéger la santé du public et de ses agents, et d'écouter ces derniers qui souhaitent s'organiser pour une réponse exclusive aux besoins essentiels des plus précaires. Alors que les coupes budgétaires incessantes viennent mettre en péril nos missions et notre pouvoir de vivre, nos élus doivent s'interroger sur le sens de ces fastueuses dépenses.