⛔ Hiroshima et Nagasaki : l’onde de choc - 80 ans après les derniers survivants témoignent

Nagasaki, le 9 août 1945. Il est 11 h 02.
En un instant, un tiers de la population est anéanti.
Les 6 et 9 août 1945, les États-Unis larguaient deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, entraînant la reddition du Japon et la fin de la guerre mondiale. Quatre-vingts ans après, les derniers survivants témoignent de l'horreur de cette arme et appellent à l'abolir.

Tanaka Shigemitsu avait quatre ans et vivait à 6 km de Nagasaki lorsque la seconde bombe atomique américaine s'est écrasée sur la ville, le 9 août 1945, trois jours après la destruction de Hiroshima. « J'ai vu un éclair blanc éblouissant dans le ciel et j'ai entendu un bruit d'explosion tonitruant. J'ai eu très peur et j'ai couru vers ma mère en criant : ‘‘La montagne a été bombardée !'' Toutes les vitres de la maison ont été brisées en fragments et toutes les portes coulissantes emportées », se souvient-il, quatre-vingts ans après ce jour tragique. Sa mère, mobilisée en tant qu'infirmière pour soigner les victimes, lui racontera : « C'était comme l'enfer. »

Dirigeant de Nihon Hidankyo, une organisation japonaise de survivants qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2024, le vieil homme s'est rendu en janvier au siège de la CGT afin de témoigner et rappeler ce message : « Les humains ne peuvent pas coexister avec les armes nucléaires, dont l'unique but est l'extermination. L'abolition est la seule voie possible. » Les bombes atomiques ont fait environ 140 000 victimes à Hiroshima et 80 000 à Nagasaki. Un décompte qui ne comprend pas les effets des radiations – dont on ignore alors les conséquences –, qui provoqueront des milliers de morts et des maladies indicibles chez les survivants.

La fable d'une arme de paix

Le monde est sous le choc : c'est la première fois dans l'Histoire qu'une telle arme est employée contre des populations civiles. Le 2 septembre, l'empereur du Japon capitule, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale. Mais fallait-il utiliser la bombe atomique pour cela ?

«Les humains ne peuvent pas coexister avec les armes nucléaires, dont l'unique but est l'extermination. L'abolition est la seule voie possible», Tanaka Shigemitsu

« L'argument était que les États-Unis n'avaient pas eu d'autre choix et que la poursuite de la guerre aurait été plus coûteuse en vies humaines. Cette version officielle n'était pas contestée, si ce n'est d'un point de vue moral. Jusque dans les années 1950, on glorifiait le nucléaire comme un arsenal de la paix. Mais l'historiographie a pris un tournant en 1965, avec de nouveaux travaux qui ont montré que c'était une fable », rappelle le géopolitologue Barthélémy Courmont, auteur de Pourquoi Hiroshima ? La décision d'utiliser la bombe atomique.

À l'occasion des vingt ans des bombardements, l'écrivain Kenzaburô Ôé, figure pacifiste du pays, publie Notes de Hiroshima, un recueil poignant de témoignages de victimes. «Avec la guerre froide, le regard sur la bombe atomique a changé. Des historiens sont revenus sur le processus décisionnel américain pour expliquer que l'arme atomique a été utilisée pour dissuader les Soviétiques de se montrer plus exigeants en Europe et en Asie. En réalité, le Japon était au bord de la capitulation et essayait de négocier», rappelle Barthélémy Courmont.

Entre mars et août 1945, l'aviation américaine avait tapissé de bombes au napalm des grandes villes japonaises : Kobe, Osaka ou encore Tokyo avaient été détruites. En août 1945, le Japon était déjà à genoux. «La bombe atomique était une démonstration de puissance qui aurait pu être évitée», conclut le chercheur.

" La vie Ouvrière" 1 août 2025 

👉 A écouter aussi sur France Culture "Le projet Manhattan ou les prémices d'une désintégration" (lien...)