★ Déclaration de la CGT au CT (comité technique) du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris du 11 octobre 2021 présidé par madame Léa FILOCHE, adjointe à la Maire de Paris en charge des solidarités, de la lutte contre les inégalités et contre l’exclusion

Léa Filoche Présidente
du Comité technique du CASVP

 

Madame la présidente, Messieurs et Madame les représentants,

Notre déclaration portera sur plusieurs points : 

👉 Temps de travail
👉 Conséquences de l’application de la loi TFP.


 

 


 

Au CASVP, il y a de la souffrance. Beaucoup de gens, et d’agents en souffrance.

C’était déjà dur avant le covid, parce que les établissements du CASVP sont conçus pour accueillir ou héberger un public des plus vulnérables. Les personnes âgées et dépendantes dans les EHPAD. Les personnes dans les centres d’hébergement. Les personnes suivies par les services sociaux. Les personnes sans domiciles, les personnes à qui on sert des repas dans les restaurants solidaires, qu’on reçoit dans les accueils de jour, celles pour qui on ouvre droit aux prestations de la Ville pour tenter de joindre les deux bouts. Au CASVP, on ne peut pas faire les métiers qu’on fait comme des robots, on s’occupe des gens qui ne sont pas venus là pour le plaisir. Invisibles, comme notre public.

La pandémie a eu un impact particulièrement fort, traumatisant même. Le CASVP, ce sont des établissements qui ne doivent pas, ne peuvent pas s’arrêter de fonctionner. Donc, quand on est agent au CASVP en temps de pandémie, on doit gérer ses propres angoisses face à la maladie et à la mort, mais aussi devoir absorber celles des gens qu’on accompagne au travail, inévitablement.

Cela fait 18 mois que les agents continuent à travailler dans des conditions très, très dégradées. A porter à bout de bras les services et les gens qui en dépendent. C’est vrai, on a été applaudis en mars et avril 2020, remercié en juin et en janvier. De rien… On a fait tout ce qu’on a pu, continué à s’occuper des gens qui en ont besoin, « quoiqu’il en coûte », c’était la formule de Macron qui accompagnait un discours plein de promesses. Macron a dit que c’était la guerre, et à la guerre il y a des morts. Des morts il y en a eu, dans les EHPAD surtout. Des dizaines de résidents, et 4 collègues.

Et nous voilà 18 mois après les applaudissements et les promesses. Les perspectives au niveau social, on sait ce qu’elles sont : plus de 6 millions de chômeurs, avec une réforme du chômage qui s’annonce catastrophique, plus de pauvreté. Et toujours autant de personnes âgées parce que c’est la démographie, on n’y peut rien. Et des collègues à bout, et certains établissements complètement naufragés, que les collègues fuient et où les Directions n’arrivent plus à recruter. C’est un problème d’attractivité, tu m’étonnes.

Anne Hidalgo ne peut pas nous dire merci en janvier, et attendre la 3ème journée de grève en mars pour nous annoncer qu’on va nous supprimer 8 jours de congés. Elle ne peut pas se cacher derrière son légalisme pour dire que c’est pas de sa faute, et que si elle n’applique pas, peut-être qu’on sera pas payés par la DGFIP. Dans quel régime et dans quelle époque on vit pour menacer des fonctionnaires de leur couper les vivres ? Nous faire ça alors qu’on doit continuer quoiqu’il en coûte, quoiqu’il en coûte pour nous, c’est dégueulasse. Quand on prétend être de gauche, incarner le progrès social, on doit choisir son camp, son camp historique. « Les merci, on s’en fout, on veut nous 8 jours c’est tout ».

Mais avec cette loi, il faut que collectivement, on voie plus loin. Le processus, à moyen terme, est assez simple. Aligner nos conditions de travail sur celles du privé, mais du privé au ras des pâquerettes. Le code du travail dans sa plus simple expression, comme s’il n’existait pas de conventions collectives qui permettent d’avoir plus de 25 jours de congés par an. Dégrader encore nos conditions de vie, et nos conditions de travail, va mécaniquement dégrader la qualité du service. Et quand les services fonctionneront trop mal, hop ! Solution magique : on externalise d’office. On privatise, et les agents sont détachés d’office, ils perdent leur statut de fonctionnaire pour être transféré sur un CDI de droit privé. C’est une possibilité dans la loi, l’administration parisienne sous Anne Hidalgo ne le fera peut-être pas, mais les suivantes ? Ce n’est pas une loi de transformation, mais de destruction de la fonction publique.

Voilà ce que l’on craint. Alors il ne s’agit pas seulement de défendre nos 8 jours de congés, ou de compenser leur perte. Les conséquences sont beaucoup plus vastes. Il s’agit aussi de défendre ce pourquoi on travaille, le service public. Dans la période que l’on vit, la CGT porte d’autres perspectives : diminuer le temps de travail pour le partager, embaucher des fonctionnaires pour améliorer des services publics utiles à la collectivité et accessibles à la population. Pour répondre à la fois aux besoins sociaux et au chômage de masse, mais aussi pour l’écologie ; la pandémie n’étant que la première convulsion ressentie mondialement d’une planète malade d’un modèle productiviste qui consiste à toujours travailler plus, consommer mal, courir, courir, courir après un temps qu’on ne peut mettre ni dans sa poche, ni sur un compte bancaire.

C’est pourquoi, la CGT CASVP revendique la création d’un maximum de sujétions pour tous les agents du CASVP, cumulable avec la sujétion prenant en compte l’environnement et l’intensité du travail dans la ville capitale, et avec les sujétions déjà existantes pour les agents qui en bénéficient déjà.

Pass sanitaire

CGT et les agents s’inquiètent de l’approche du 15 octobre et demandent les mesures mises en place en cas d’un grand nombre d’absences : comment remplacer les personnes qui n’ont pas leur schéma vaccinal ?

Aide-soignante et auxiliaire puériculture Catégorie B

La réforme du statut de ces corps à la fonction publique hospitalière est applicable au 1er octobre 2021. La CGT demande qu’elle soit également applicable au 1er octobre 2021 au CASVP et non au 1er janvier 2022.  

AMP et AES

A ce jour, les AMP (aides médico psychologiques) et les accompagnants éducatifs et sociaux (AES) sont exclues du dispositif alors qu’elles effectuent les mêmes tâches que leurs collègues.

► La CGT demande qu’ils soient directement intégrés dans le futur statut.
► Faute d’accord sur ce point, la CGT réitère sa demande de proposer rapidement les 2 modules manquants aux AMP et AES pour qu’elles puissent bénéficier du passage en catégorie B.

Agents sociaux aux chevets

► Attribution de la NBI aux agents au chevet des résidents comme dans la Fonction Publique Hospitalière
► Reconnaissance de la situation particulière des agents sociaux au chevet.
La CGT et les agents sociaux demandent la reconnaissance des missions et du travail effectué et la compensation des 118€ versés aux aides-soignants pour les mêmes fonctions.

CTI

► La CGT revendique l’extension de l’attribution du complément de traitement indemnitaire (CTI) de 183€ nets mensuels aux agents œuvrant dans la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées : SSIAD (Service de Soins Infirmiers à Domicile), SAAD (Service d’Aide et d’Accompagnement à Domicile), Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées (Résidences autonomie, Foyers logement…)

Expérimentation de 12 heures

Dans certains EHPAD l’administration a décidé l’expérimentation du travail en 12 h entrecoupé de 2 heures de pause.

La CGT dénonce cette expérimentation sans avoir réuni les instances, et ce alors que le passage aux 12h avait été retiré d’un CT en 2020 à la demande de toutes les organisations syndicales.

Télé travail

Le projet de déploiement du télétravail est prévu pour le 1er janvier 2022. La CGT demande la communication, même incomplète, de la « cartographie » des postes qui doit définir la quotité de télétravail par sous-direction, poste par poste.

La CGT demande qu’une vigilance particulière soit accordée à la prévention des risques pour la santé et la protection des agents, et que les négociations prennent en compte le temps de travail, le droit à la déconnexion, la prise en charge des frais, la formation, la question des libertés syndicales.

Réorganisation des CASVP d’arrondissement

La CGT émet des réserves sur l’opportunité de conduire une réorganisation d’une telle ampleur dans l’organisation quotidienne des services.
► La CGT exige des engagements du CASVP concernant la revalorisation des agents : passage en catégorie B des agents d’accès au droit et des agents d’accueil, maintien et revalorisation ou attribution de la NBI.

EHPAD Cousin de Méricourt (Cachan)

Dans un contexte de vieillissement de la population et de chômage de masse, la nécessaire amélioration des conditions de vie et de travail en EHPAD ne peut justifier les suppressions de poste. Ce n’est pas aux agents de payer pour les errements de la Ville, qui a laissé pourrir les bâtiments.

Paris, sa région, la France, ont besoin d’un secteur public du 4ème âge de qualité et besoin d’emplois utiles à la collectivité.

La CGT demande la communication d’un calendrier précis concernant l’avenir de Cachan et les intentions réelles de la mairie. Nous ne pouvons pas vous entendre dire « c’est à l’étude ».

Nous ne pouvons pas croire que la Ville « ferme » Cachan sana avoir réfléchi à l’avenir du site et des agents.

Par le passé, le CASVP pilotait une école d’infirmière qui fait cruellement défaut à ce jour et la situation va s’aggraver dans les années à venir.

La CGT demande à la ville de Paris l’ouverture d’une école d’IDE au CASVP qui permettrait entre autres un recrutement qui sinon va devenir de plus en plus problématique.
C’est le moment d’être ambitieux, après il sera trop tard.